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PETIT ÉCRAN · « Becoming Karl Lagerfeld » : dans l’antre secrète du célèbre couturier 

  • Margaux Baralon
  • 2024-06-05

[CRITIQUE] En choisissant de se pencher sur la partie la moins connue de la carrière du grand couturier, ce biopic disponible à partir du 7 juin sur Disney+ dessine, sous son excellente facture, un passionnant double portrait. Celui de l’univers de la mode parisienne aussi impitoyable que flamboyant dans les années 1970, et celui d’un homme étrangement hors du monde.

Qui est Karl Lagerfeld ? Un créateur de mode parmi les plus connus, sans aucun doute. Le directeur artistique qui redressa la maison Chanel à partir de 1983, certes. Un homme controversé, aussi, aux saillies cinglantes, cruelles et volontiers grossophobes. Mais même après sa mort en 2019, il en est surtout resté un mystère.

Celui d’un styliste dont personne n’a jamais su définir le style, d’un immigré qui a caché sa véritable date de naissance, d’un ascète entouré de gens aux antipodes de son mode de vie. Becoming Karl Lagerfeld tente de percer ce mystère-là en faisant un choix radical : raconter le Karl Lagerfeld pré-Chanel. Avant la gloire, le catogan et les controverses.

Ce parti pris empêche la série de tomber dans l’hagiographie classique de l’artiste génial. Solidement interprété par Daniel Brühl, ce Karl Lagerfeld de fiction est un laborieux, sans cesse ramené à son manque de talent et ses origines allemandes, pris de haut par ses pairs, humilié par ses rivaux (notamment Pierre Bergé, incarné avec une délicieuse cruauté par Alex Lutz) et désespérément incapable de se fondre dans le monde qui devrait être le sien.

La série accorde une large place à sa relation avec Jacques de Bascher (la révélation québécoise Théodore Pellerin), fils de bonne famille qui le séduit en enfilant une culotte bavaroise puis agira toute sa vie comme son exacte antithèse. Jacques est un hédoniste, adepte des orgies et des drogues en tous genres, quand Karl dîne seul avec sa mère, engoncé dans sa misanthropie, étouffé par des troubles alimentaires dès qu’il essuie un revers. S’il reste un peu trop tiré à quatre épingles pour emporter totalement, notamment dans sa précise reconstitution des années 1970, ce biopic a le mérite de tenir une grande promesse : ce Karl Lagerfeld-là n’a jamais été vu avant.

Becoming Karl Lagerfeld, le 7 juin sur Disney +

Image : © Disney+

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