CinémaPETIT ÉCRANCultureQUEER GAZEDIVINE GANGI.A. QUOI ?Le magazine
  • Article
  • 2 min

BD : « Le Musée de mes erreurs » de Julia Wertz et « Maxiplotte » de Julie Doucet

  • Adrien Genoudet
  • 2021-11-03

Deux pavés sortent quasi simultanément pour nous rappeler l’importance des œuvres viscérales, violentes et brutes de deux des plus grandes autrices nord-américaines du neuvième art.

Il fallait le coup de chance éditorial d’un début d’automne pour voir enfin réunies sous forme d’intégrales les œuvres morcelées de l’Américaine Julia Wertz et de la Québécoise Julie Doucet. À feuilleter ces deux livres, on comprend que les styles diffèrent autant qu’ils semblent maintenir une ligne de force commune. Si Julia Wertz (née en 1982) et Julie Doucet (née en 1965) ne sont pas de la même génération, elles ont toutes les deux pris le pari du trait pour étendre, sans filtre, leurs histoires intimes. À les lire, on sent que le dessin a été un exutoire, un moyen de transcender leur corps, leur imaginaire et leur douleur. Née d’une blague potache, la série de strips de Julia Wertz intitulée La Fête du prout est publiée pendant plusieurs années sur Internet et trouve très rapidement son public. L’autrice y raconte son quotidien, ses études, sa vie de couple et sexuelle, sa rupture.

"La page blanche" : la bande-dessinée de Pénélope Bagieu et Boulet bientôt au cinéma

Lire l'article

De l’autre côté, Julia Doucet a commencé à publier dans des fanzines et imprime parfois seule ses strips ou ses planches uniques. Elle aussi, elle laisse courir ses humeurs, ses pensées noires, ses désirs, mais également les violences subies en tant que femme. Et c’est dans cette puissance de leur témoignage de femme armée d’une quasi-­liberté éditoriale (le blog d’un côté, les fanzines de l’autre) que se déploient des vies intérieures que seul le dessin peut offrir. Ainsi, Doucet nous plonge dans ses plus profondes angoisses, fantasmes et désirs : c’est sanglant, violent, débordant, physique ; Wertz, elle, ouvre le ventre des uns et des autres, mange son petit ami, nous parle sans filtre de son alcoolisme. Rien n’est sage dans ces intégrales ; et tout nous rappelle combien le neuvième art manque cruellement de ces mondes intérieurs où les femmes hurlent autant que les autres.

Le Musée de mes erreurs de Julia Wertz (L’Agrume, 560 p., 36 €) • Maxiplotte de Julie Doucet (L’Association, 400 p., 35 €)

Image (c) Julie Doucet - L'Association

Inscrivez-vous à la newsletter

Votre email est uniquement utilisé pour vous adresser les newsletters de mk2. Vous pouvez vous y désinscrire à tout moment via le lien prévu à cet effet intégré à chaque newsletter. Informations légales

Retrouvez-nous sur