A voir : le Festival Côté court met en ligne 30 courts-métrages iconiques

Avec des courts de Sébastian Lifshitz, Bertrand Mandico, Guillaume Brac…


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En attendant la prochaine édition de Côté Court, événement défricheur qui met en lumière la richesse du jeune cinéma d’auteur et se tiendra cette année du 15 au 23 juin (le programme est ici), le festival s’offre un before virtuel de qualité. Pour fêter ses 30 ans, Côté Court met gratuitement en ligne 30 court-métrages phares qui ont marqué son histoire. Jusqu’au 15 juin, un nouveau film sera posté tous les jours, et restera disponible cinq jours – de quoi entamer un marathon de qualité.

Fidèle à la tradition innovante du festival, cette rétrospective offre un large spectre d’oeuvres qui rappelle à quel point l’événement a été un lieu de découverte, de tremplin pour des cinéastes aujourd’hui reconnus. Citons par exemple , dont on peut redécouvrir le court-métrage Une Robe d’été (1996).

Dans ce film solaire, camp et sensuel, le réalisateur filme la relation entre deux jeunes garçons en couple, perdus dans une maison de vacances en plein été. Leur idylle prend une perspective nouvelle lorsque l’un d’eux, après avoir fait l’amour pour la première fois avec une femme sur la plage, enfile sa robe… Entre légèreté et dangerosité, ce court contient les prémisses du cinéma d’Ozon : le pouvoir de séduction qu’exercent les corps, la fluidité de l’identité comme source de joie inépuisable.

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Pour une ambiance plus nostalgique, rendez-vous avec . Son cinquième court-métrage, Nous ne serons plus jamais seuls (2012) est une expérience incandescente, filmée dans un noir et blanc brut. En dix minutes, le cinéaste capture la nuit d’ivresse et de danse d’un groupe d’adolescents. Caméra super 8 à la main, il glisse entre les corps de cette jeunesse anonyme qui s’aime et se déchire comme si elle avait tout à perdre, comme si cette nuit d’extase était la dernière.

Yann Gonzalez semble alors nous dire qu’il faut se jeter dans la fête sans compromis, quitte à oublier que l’aube va venir et reprendre ses droits. Tout en nous rappelant que sous le plaisir, l’inquiétude et la mort guettent – en témoigne les nombreux plans sur ce slogan gravé sur les murs : « Le monde peut se dissoudre ».

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Parmi les courts qu’il ne faudra pas manquer : Un éléphant me regarde de (2015), histoire d’une rencontre poétique entre une comédienne sexagénaire et Vincent, un jeune homme qui l’héberge après qu’elle ait raté son train. Sur cette trame classique, le réalisateur de , déchirant ciné-journal qui comblait le vide et la mort par la boulimie des images, Frank Beauvais greffe des éléments subtils.

C’est un morceau de cold wave qui raconte pudiquement le lien qui se noue entre deux êtres différents, l’attention portée aux visages dans des plans rapprochés silencieux. Autre petite pépite : Vilaine Fille, Mauvais garçon de Justine Triet (réalisatrice du romanesque Sybil avec Virginie Efira), virée nocturne survoltée d’un jeune peintre fauché et d’une comédienne déjantée (Thomas Lévy-Lasne et Laetitia Dosch), réunis par un drame inattendu.

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Au programme également : Boro in the Box, dans lequel dresse le portrait fantasmé du cinéaste et artiste plasticien polonais Walerian Borowczyk, à grands coups de surimpressions organiques et de collages subliminaux, mais aussi Un monde sans femmes de Guillaume Brac, un maelstrom de sentiments porté par et Vincent Macaigne, et Les Corps Ouverts du documentariste errance existentielle et sexuelle d’un jeune homme dans laquelle Lifshitz restitue son goût pour les portraits fragmentés et sensitifs. Pour découvrir le reste de cette programmation (on y croise , Emmanuel Mouret, , et bien d’autres), c’est juste ici.

Images : Une robe d’été (c) capture d’écran Youtube; Nous ne seront plus jamais seuls (c) Sednas Films; Un éléphant me regarde (c) Les Films du Bélier