Chronique d’une réalité morcelée, Jet Lag prend la forme d’un documentaire en noir et blanc partagé entre trois lignes narratives : un voyage que Zheng Lu Xinyuan a effectué avec sa famille à Mandalay, l’épidémie de Covid en 2020, puis le coup d’État mené par une junte militaire en Birmanie l’année suivante, achevant cette peinture du contemporain sur laquelle plane la menace d’une disparition (celle de nos libertés, mais aussi celle d’un arrière-grand-père, à propos de laquelle la cinéaste cherche quelques réponses).
Cette narration non linéaire s’associe à des images tout aussi hétérogènes pour mieux retranscrire la fragmentation d’un monde déboussolé dans lequel familles et individus apparaissent en quête de nouveaux repères. Vieilles photographies, images prises sur le vif en caméra DV, interfaces numériques, textos et appels en visio : entre passé, présent et futur, Zheng Lu prend le large à chaque raccord.
Éclatant la bulle intimiste dans laquelle elle se retrouve avec sa compagne une fois confinées, la cinéaste esquisse alors une issue de secours : revivifier par le montage notre présent aveugle et pétrifié.
Jet Lag de Zheng Lu Xinyuan, Norte (1 h 51) sortie le 22 février
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