Michelle a le sourire des gens qui craignent toujours de déranger. « J’ai peur d’être transparente », dit la jeune fille, comme on avouerait une bêtise. Plus tard, elle voudrait être « chorégraphe […] ou secrétaire, un truc dans le genre ». Elle est l’un des adolescents que les documentaristes Thierry Demaizière et Alban Teurlai ont suivis pendant un an au lycée Turgot, à Paris.
Cet établissement huppé propose une section hip-hop qui accueille notamment des élèves issus de quartiers prioritaires. Du pain béni pour ces cinéastes amoureux des corps, ceux d’acteurs porno (Rocco, portrait de Siffredi) comme de pèlerins (Lourdes) ou, donc, de danseurs (Relève. Histoire d’une création, filmé à l’Opéra de Paris, puis la série Move).
En prenant le parti de filmer en plans serrés, de monter les séquences dansées et d’y apposer l’électro planante du compositeur Avia, les réalisateurs ne captent pas l’intégralité des chorégraphies mais s’approchent de leur sujet : les émotions de ces adolescents aux parcours heurtés, qui trouvent dans les battles une raison et un moyen d’exister.
Le film dessine en creux un portrait attendri mais sans angélisme d’une jeunesse française à la fois symbole et victime des fractures de la société. La grâce qui se dégage d’Allons enfants participe, brièvement mais puissamment, à sa réconciliation.
Allons enfants de Thierry Demaizière et Alban Teurlai, Le Pacte (1 h 50), sortie le 13 avril.
Image: © Alban Teurlai