Pour découvrir le dernier cru du festival Côté court, c
Une histoire de plage, Laïs Decaster
Dialogues exquis, douceur estivale et rencontres au hasard, Une histoire de plage, de Laïs Decaster, évoque les films d’Eric Rohmer ou Guillaume Brac. Lors de ses études en réalisation à l’Université Paris 8, la jeune cinéaste réalise, sous la direction de la grande documentariste Claire Simon, J’suis pas malheureuse (2018), un court métrage documentaire sur ses amies en banlieue parisienne. Dans Une histoire de plage, Marie Rosselet-Ruiz – comédienne et réalisatrice avec qui Laïs Decaster a déjà collaboré – et la rayonnante Eloïse Bloch, interprètent subtilement deux jeunes femmes au carrefour de leur vie, qui lézardent sur les rochers des Calanques marseillaises.
For here am I sitting in a tin can far above the world, Gala Hernández López
Après le succès de son film sur la masculinité toxique, La Mécanique des fluides, récompensé du César du meilleur court métrage documentaire le 27 février dernier, Gala Hernández Lopez revient avec une œuvre visuellement audacieuse, sur un sujet captivant.
Dans un split screen fabuleux mettant en scène des contenus dénichés sur Youtube et dans des jeux vidéos, elle explore le monde nébuleux de la crypto-monnaie. Plus précisément celui du cryptographe américain Hal Finney, personnage clef de l’histoire du Bitcoin, cryogénisé après sa mort en 2014. Avec toujours autant de maîtrise dans le montage, la réalisatrice joue subtilement avec la frontière entre le rêve, les souvenirs et l’imaginaire, pour analyser les liens entre la spéculation financière et la science-fiction.
Montsouris, Guil Sela
Primé à la Semaine de la critique cette année au Festival de Cannes, Montsouris déploie un dispositif jouissif dans lequel Martin Jauvat – le réalisateur du génial Grand Paris (2023) – fait parler ses talents d’acteur aux côtés de Pierre Gandarmay et Raïka Hazanavicius, nièce du cinéaste Michel Hazanavicius.
Par la mise en abyme du tournage d’un documentaire dans le parc Montsouris à Paris, Guil Sela enchaîne, comme dans son conte coloré La Flamme olympique (2022), des prises de vues lointaines d’une grande liberté. Cet ingénieux dispositif permet de créer une fausse spontanéité parfaitement maîtrisée pour filmer un fait divers du quotidien, le vol particulièrement osé d’une luxueuse gyroroue. Un délicieux moment de cinéma.
Skatepark, Annabelle Martella et Fanny Chaloche
Après avoir toutes les deux joué dans le court métrage L’Ami de vacances d’Antoine Du Jeu en 2020, Annabelle Martella (journaliste à Libération) et Fanny Chaloche (cinéaste) collaborent cette fois à la réalisation.
À la façon de Sophie Letourneur dans Manue bolonaise (2006), elles capturent avec un naturel saisissant la vie et le quotidien de jeunes collégiens qui traînent dans un skatepark abandonné du Loiret. Les deux cinéastes suivent en particulier les errances d’un jeune à la marge qui passe le plus clair de son temps dans ce lieu désert.
8e étage, Louis Séguin
Critique aux Cahiers du cinéma, monteur, réalisateur, comédien et animateur de ciné-club, depuis plusieurs années, Louis Séguin fait vivre avec passion le cinéma français. Dans 8e étage, il retrouve son acteur fétiche, Hugues Perrot, accompagné de la prometteuse Anaé Taounza-Jeminet, pour une savoureuse comédie sur la déconnexion numérique. Évoquant le style des cinéastes Abel et Gordon, Séguin excelle dans l’écriture de personnages – en partie – mutiques, et exploite à merveille l’espace et les décors pour créer des séquences comiques d’une efficacité redoutable.
En liesse, Sandrine Gilbert
Dans le cadre des ateliers Varan, l’une des plus belles formations pour devenir documentariste en France, Sandrine Gilbert pose sa caméra dans le parc à chiens de Montmartre à Paris. Un haut lieu parisien pour les amateurs de boules de poils, fréquemment animé par l’association Les Poilus de la Butte.
À hauteur de chiens, la cinéaste nous fait découvrir les fabuleuses aventures de nos amis à quatre pattes. Entre courses-poursuites effrénées, reniflages de popotins et dragues lourdes, on repère très rapidement différents protagonistes, malgré le chahut ambiant. Cette parenthèse légère et divertissante plaira à tous les amis des animaux.
Le soleil chante à l’horizon, Marin Gérard
Critique de cinéma, Marin Gérard passe derrière la caméra dès la fin de ses études en scénario à la Fémis, en 2020, avec son court métrage L’Espace rapide, suivi d’À l’ombre l’après-midi en 2022. Dans ces deux films, on retrouve le nonchalant Quentin Dolmaire, vu récemment dans Fifi de Paul Saintillan et Jeanne Aslan.
Pensé comme la suite directe de son deuxième film, Le soleil chante à l’horizon suit Lise – personnage introverti joué par la géniale Mathilde Weil – dans sa virée à la campagne au cœur d’une ferme collaborative remplie d’artistes vingtenaires néo-babas-cools. Loin des buttes parisiennes qu’il aime tant filmer, Marin Gérard réalise un nouveau film particulièrement maîtrisé, confirmant qu’il est l’une des nouvelles têtes à suivre.
Au programme également :
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On vous donne aussi quelques indices pour devenir le film mystère de la semaine : il a gagné un prix à Cannes en 2021, son réalisateur y présidait un jury cette année, et c’est l’adaptation d’une pièce de théâtre.
Image : © DR