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: « La Maison des Bois », série qui fit connaître Maurice Pialat, est dispo sur Arte
- Emilio Meslet
- 2019-11-18
Cette mini-série était une fierté pour Maurice Pialat qui a déclaré : « C’est la plus belle chose que j’ai faite ».
Avant que David Lynch (Twin Peaks), David Fincher (House of Cards, Mindhunter), Franck Darabont (The Walking Dead) et autres Damien Chazelle (The Eddy) ne s’aventurent dans les l’univers des séries, il y a eu le pionnier Maurice Pialat avec le feuilleton La Maison des Bois, diffusé en 1971 et désormais disponible en ligne sur Arte. A l’époque, il n’est pas encore le grand réalisateur acclamé par la critique et auréolé d’une Palme d’or en 1987 pour Sous le soleil de Satan. Pialat a quarante-trois ans et n’est encore qu’un espoir du cinéma français qui ne compte qu’un long-métrage à son actif , L’enfance nue (Prix Jean-Vigo en 1968).
Commandée par la deuxième chaîne de l’ORTF , la mini-série La Maison des Bois montre la Grande Guerre autrement que dans les tranchées : au début de l’été 1917, Albert (Pierre Doris) et Jeanne Picard (Jacqueline Dufranne) accueillent chez eux trois jeunes garçons, Michel, Hervé et Bébert, dont les pères sont au combat et les mères travaillent à Paris. On suit alors le quotidien de cette large famille d’accueil dans un petit village de campagne, en Île-de-France, où l’on attend des nouvelles du front et où la vie continue entre la chaleur réconfortante des Picard et l’envahissante propagande militaire. Maurice Pialat – qui incarne le professeur dans la série – brosse le portrait bouleversant d’une France rurale minée par un conflit qui n’était pas le sien, à la façon des peintres impressionnistes qu’il admirait tant.
Les fondements du cinéma de Maurice Pialat sont déjà là, à commencer par ses thématiques de prédilections. Pour cette fresque historique réaliste, il se place à hauteur d’enfant pour capter cette triste innocence de la jeunesse condamnée à grandir dans un monde hostile d’où surgit parfois la joie. On retrouve également le thème de la religion, avec un curé au cœur de la vie de la commune, qui traversera son oeuvre. D’un point de vue technique aussi, on sent les prémices de ce qui a fait de lui un cinéaste majeur. Il laisse, par exemple, durer les scènes pour laisser place à l’improvisation afin de capter les émotions de ses tous jeunes acteurs.
Le cinéaste décédé en 2003 allait même jusqu’à affirmer : « C’est la plus belle chose que j’ai faite ». D’après nous, cette simple phrase constitue un argument plus que suffisant pour foncer dévorer les sept épisodes de La Maison des Bois !
Image : Capture d’écran de La Maison des Bois de Maurice Pialat