Le 15 mars dernier, les salles de cinéma fermaient. Deux semaines plus tard, mk2 et le magazine TROISCOULEURS lançaient le Concours du court métrage confiné : les films envoyés devaient être tournés dans le respect du confinement et des mesures sanitaires, et devaient inclure cette phrase, prononcée par Anna Karina dans Pierrot le Fou de Jean-Luc Godard : « Qu’est-ce que je peux faire ? Je sais pas quoi faire ! » Le jury, composé des équipes de mk2 et de TROISCOULEURS, a choisi de distinguer treize films. Aujourd’hui, on vous propose de voir Aux armes et cætera de la famille Yal, grand prix du court-métrage confiné.
Dans la famille Yal, il y a Samuel, réalisateur de cinéma d’animation et sculpteur, Sabine, enseignante, et leurs trois enfants, Zacharie (10 ans), Eva (8 ans) et Esther (4 ans). Pour cette famille confinée à Pontoise en région parisienne dans un atelier d’artistes, réaliser ce film a été une « périlleuse aventure », voire même un « péplum ». « Nous ne regardons pas la télé, nous n’avons pas Netflix : c’était une manière de se réapproprier le temps du confinement hors écran », explique Samuel.
À l’origine du court métrage, il y a ces mots d’Emmanuel Macron prononcés lors de son discours du 16 mars : « Nous sommes en guerre. » « Nos enfants étaient angoissés, non pas par le virus, mais par ce mot, “guerre” », explique Sabine. Dès lors, ce projet collectif et organique, dont le scénario évolue au jour le jour et où chacun change de rôle, devient une façon d’appréhender les émotions des enfants par l’art, dans une démarche pédagogique et instructive. Décors et déguisements en carton, séquences d’animation en stop motion pour donner vie aux personnages, maquillages hallucinants…
Pour improviser ces saynètes qui regorgent de détails (dont la fabrication nous est révélée dans un making of à la fin du film), de trucages malins et de clins d’œil aussi drôles qu’impertinents à une actualité angoissante soudain transformée en source de créativité, la famille s’est imposé deux règles strictes : d’abord, dans un esprit écolo, ne rien acheter, tout fabriquer soi-même avec les matériaux à disposition ; et, ensuite, recouvrir tous les visages d’un masque ou de maquillage.
Des contraintes qui rendent le résultat encore plus bluffant, à mi-chemin entre prouesses techniques et esprit artisanal. Joyeux carnaval bariolé tour à tour loufoque puis sérieux, se muant parfois en ballet chorégraphié et onirique, frôlant l’expérimental tout en gardant l’esprit mutin de l’enfance, Aux armes et cætera est un court métrage qui met du baume au cœur et prouve que l’imagination ne connaît aucune limite – pas même celles des murs d’un appartement.
Le palmarès complet :
GRAND PRIX DU COURT MÉTRAGE CONFINÉ
Aux armes et cætera de Samuel Yal
GRAND PRIX DU TRÈS COURT MÉTRAGE CONFINÉ
A Corona Story de Victor Mirabel
PRIX DU MEILLEUR SCÉNARIO
Les Filles de Paula Alves
PRIX DU MEILLEUR FILM DE GENRE
Invisible de Nourdine Taleb
PRIX DU MEILLEUR MONTAGE
This Is How the World Ends de Louise Fauroux
PRIX RÉVÉLATION JEUNE CINÉASTE
Camille Schnirer pour son film Hors tournage
PRIX DU MEILLEUR INTERPRÈTE FÉLIN
Nana dans Nana de Lubna Playoust
PRIX DES MEILLEURS DIALOGUES
Merveille de Valentin Chetelat
PRIX DE LA MEILLEURE MUSIQUE ORIGINALE
Yamée Couture pour Les Maisons de carton de Shaan Couture
PRIX DU MEILLEUR DOCUMENTAIRE
Malgré… d’Étienne Jarrier
PRIX MEILLEURS ESPOIRS
Camille et Lison Chesné dans Robotini
à la chasse de son bras de Julien Chesné
PRIX D’INTERPRÉTATION MASCULINE ET FÉMININE
Briac Durand et Joséphine Onteniente dans Le Confinement au cinéma de Briac Durand et Joséphine Onteniente
MENTION SPÉCIALE COUP DE CŒUR DU JURY
Journal d’une famille confinée de Bénédicte Poumarède et Stéphane Malassagne
Regardez tous les films du palmarès sur troiscouleurs.fr