6 pépites à voir ou revoir au Festival Lumière, à Lyon

Quatre nuits d’un rêveur de Robert Bresson 

Le réalisateur français, multi-primé à Cannes (Un condamné à mort s’est échappé, Procès de Jeanne d’arc, L’Argent) et décédé en 1999, est l’auteur d’une œuvre brûlante, portée sur la texture des voix et des corps. Variation mélancolique sur les amours déçues, Quatre nuits d’un rêveur confirme cette veine intense et romantique. Ce film resté longtemps invisible, réalisé en 1971 par un cinéaste adulé mais discret (13 longs métrages en 40 ans), est présenté à Lyon dans une superbe version restaurée, et sortira en salles début 2025.

L'Héritage des 500 000 de Toshirō Mifune

Toshirō Mifune est une star nationale au Japon, l’équivalent de Gary Grant aux Etats-Unis, avec qui il partage la même allure de cow-boy gentleman, et la même moustache insolente. L’acteur fétiche d’Akira Kurosawa, avec qui il a tourné 16 films dont Rashōmon,fait l’objet d’une rétrospective au festival Lumière. On y verra l’unique film réalisé par Mifune, en 1963 : L'Héritage des 500 000. Une fresque guerrière baroque, splendide et folle, sur un commandant de l’armée nippone à la recherche d’un trésor enterré sur une île des Philippines.

Trotacalles de Matilda Landeta

La légende raconte que Matilda Landeta (née en 1913), considérée comme l’une des premières réalisatrices mexicaines, s’est grimée en homme pour se faire embaucher comme assistant sur un plateau. Son cinéma, irrévérencieux et assumant à plein tube le mélo, est à l’image de cette anecdote : rempli de figures féminines empêchées par le patriarcat, mais jamais résignées. Trois films sont projetés au festival, et on ne loupera pas Trotacalles(1951), l’histoire de deux sœurs précaires et fâchées, l’une tombée dans la prostitution, l’autre mariée à son patron banquier. Un récit romanesque et féministe, loin de tout dolorisme.

Vampyr de Karl Theodor Dreyer

Occulte, dérangeant, poétique : la plus belle histoire de vampires jamais écrite l’a été en 1932, par un réalisateur danois largement nourri de l’expressionnisme allemand, et de ses lignes de fuites tortueuses. Vampyr est l’histoire d’un jeune voyageur attiré par le paranormal, pris dans les toiles d’une femme vampire lors d’un voyage. C’est surtout le récit d’une possession vénéneuse, filmée dans un clair-obscur terrifiant. Il sera projeté au Festival Lumière lors d’un ciné-concert, avec la partition de Wolfgang Zeller restaurée, dirigée par Timothy Brock et interprétée par l’Orchestre national de Lyon.

La nuit « Voyage au bout de l’horreur » présentée par Alexandre Aja

De l’hémoglobine, de l’humour noir et des familles névrotiques : voilà ce que promet cette nuit thématique organisée à la Halle Tony Garnier, et dédiée à tout ce qui file la frousse dans le 7e art. Le Frenchy Alexandre Aja, réalisateur des géniaux La colline a des yeux et Piranha 3D, viendra présenter quatre chefs d’œuvre du genre elevated horror,dont il est un pionnier : La Colline a des yeux, Hérédité d’Ari Aster, Les Griffes de la nuit de Wes Craven et L'Exorciste de William Friekdin. Culte.

Mommy de XAVIER DOLAN

En 2014, les spectateurs du Festival de Cannes ont applaudi – c’est rare – au beau milieu d’un film. C’était pour Mommy, cinquième film de Xavier Dolan, alors tout juste 25 ans. Ces applaudissements venaient saluer un instant d’amour qui déborde : le format carré qui enserrait les personnages - une mère dépassée, un fils turbulent et leur voisine bègue - s’élargissait façon Cinemascope, faisant l’effet d’une grande bouffée d’air. Idée de mise en scène géniale pour un film devenu culte. Il sera projeté à Lyon pour son 10e anniversaire, en présence du cinéaste qui sort pour l’occasion un splendide livre de photos.