Avec Un Grand voyage vers la nuit, le réalisateur chinois déploie une maîtrise formelle sidérante, toujours au service de la psychologie opaque de ses personnages. Trois questions à cet outsider autodidacte.
Après le bon accueil international fait à Kaili Blues, a-t-il été facile de produire et de financer ce deuxième long métrage ?
En fait non, ça n’a rien à voir avec le succès du premier film, malheureusement… Même si aujourd’hui la Chine soutient beaucoup de jeunes artistes, seuls ceux qui sont de bons produits, attirants et séduisants, obtiennent des aides financières.
—> A LIRE AUSSI : Notre critique d’Un Grand voyage vers la nuit par Eric Vernay
Le film est très impressionnant de maîtrise formelle. Vous n’avez pas fait d’école de cinéma, vous avez appris seul ?
J’ai fait une école de télévision pas très connue. D’ailleurs, un de mes professeurs, qui avait vu mes courts métrages, n’arrêtait pas d’insister pour que je fasse du cinéma. Il a même pris l’avion pour aller le dire à ma mère, à Kaili. Mais je ne suis pas les conseils de telle ou telle personne, je fais à ma façon pour aboutir au film que j’ai en tête. Personnellement, je pense que je ne suis pas encore mûr artistiquement. Ce n’est pas de la fausse modestie : quand on veut être le meilleur, il faut se considérer comme un amateur pour s’améliorer tous les jours.
Votre usage de la 3D est spectaculaire et inédit. Vous étiez frustré de la manière dont le cinéma l’utilise généralement ?
Non, je ne regarde pas trop les films en 3D. Et même si j’ai passé beaucoup de temps à faire des essais pour maîtriser cette technique, je ne pense pas que je referai un film en 3D. Elle correspond juste bien à ce que je voulais pour ce film, à savoir évoquer la beauté, la poésie et l’ambiance que provoquent les souvenirs.