Avec La Passagère, Héloïse Pelloquet retourne sur l’île de Noirmoutier qu’elle connaît bien (Côté cœur, L’Âge des sirènes) pour y installer son couple de pêcheurs, beaux et amoureux marins (Cécile de France et Grégoire Monsaingeon). Ce qu’elle réussit d’abord à rendre vibrant, c’est cette chose anodine et vertigineuse que représente la chronique, et plus particulièrement la chronique de couple. Il y a dans la proximité avec laquelle la cinéaste filme ses personnages ce rapport organique qu’établit la caméra, quelque chose qui solidifie cette histoire, comme si en une étreinte surgissait tout le hors-champ de cet amour durable.
C’est avec cette même impulsion qu’Héloïse Pelloquet regarde longuement les gestes au travail, avec la mer et le soleil comme matières mouvantes, ambiguës, rugueuses. Et puis il y a cet érotisme et cette sexualité, nouveaux parce qu’affranchis de la tyrannie des codes du genre masculin et féminin, qui surgissent quand le film se transforme en mélo au contact d’un nouvel apprenti dans le foyer (Félix Lefebvre). L’île de Noirmoutier par Agnès Varda (Les Créatures) était le lieu d’imagination d’un écrivain tourmenté, enfermant sa belle et jeune épouse dans une image figée. Avec La Passagère, l’image bouge, s’extirpe du schéma amoureux pour regarder l’aventure à l’horizon.
La Passagère d’Héloïse Pelloquet, Bac Films (1 h 35), sortie le 28 décembre
Image (c) Bac Films