C’est avec une douceur absolue, malgré l’obscurité que travaille sa photographie soignée, que Joyland pénètre le quotidien de Haider. Ce jeune homme discret, moqué pour son manque d’attitudes et d’aptitudes « masculines », vit avec son épouse et la famille de son frère. Un étouffant microcosme sur lequel règne un patriarche qui, obsédé par son honneur, distribue les rôles, et où s’agite, souvent en des heures tardives, une multitude de désirs frustrés. Sommé de travailler, Haider déniche secrètement une place de danseur dans un cabaret où Biba, artiste trans, tente de se faire aimer du public. Se noue entre ces deux âmes solitaires une attirance irrépressible, malgré tout ce qu’elle engage d’interdits…
Dans ce premier long métrage, le Pakistanais Saim Sadiq réfléchit aux rôles prédéterminés au sein du couple, de la sphère familiale mais aussi du monde du travail ; et dézingue tout sur son passage. Car s’il semble suivre la trajectoire de Haider, personnage bouleversant qui explore sa féminité avec fougue, le film s’appuie surtout sur lui pour mieux regarder les deux femmes qui l’entourent, toutes deux éprises d’accomplissement professionnel. Un drame d’une remarquable ampleur, servi par une troupe d’acteurs et d’actrices exceptionnels.
Joyland de Saim Sadiq, Condor (2 h 06), sortie 28 décembre
Image (c) Condor Distribution