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« Dreaming Walls » de Maya Duverdier et Joe Rohanne : les fantômes du Chelsea Hotel

  • Xanaé Bove
  • 2024-07-15

[CRITIQUE] Le beau film de Maya Duverdier et Joe Rohanne évoque le mythique Chelsea Hotel, repère new-yorkais de la contre-culture artistique depuis plus d’un siècle, racheté en 2016 par un trio d’entrepreneurs et en passe d’être transformé en hôtel de luxe. La fin d’une ère bohème.

Le documentaire est coproduit par Martin Scorsese, contemporain de certains des créateurs légendaires qui traînèrent leurs guêtres au Chelsea Hotel : Leonard Cohen, Patti Smith, Andy Warhol, Arthur C. Clarke… Le tandem de cinéastes franco-belge nous fait immédiatement pénétrer au cœur de ce lieu chargé de fantômes, mais aussi de vivants. La parole est donnée aux derniers résidents, comme la chorégraphe Merle Lister, confrontée aux nouveaux gérants décidés à tirer profit du Chelsea une fois le bâtiment rénové.

Le film est tourné au format 4/3, ce qui permet d’intégrer harmonieusement les images d’archives. Les murs convoquent l’aura de l’hôtel en voie de déliquescence : des images y sont projetées, entre cinéma expérimental et installation. La douceur du filmage et du montage contraste avec l’âpreté de la situation : d’anciens habitants vont être relogés, d’autres chassés. Un des ouvriers évoque même des présences fantomatiques à Merle Lister, qui circule, vivante et pugnace, dans son habitat menacé et en chantier. Une magnifique métaphore de la gentrification et surtout de l’éternelle lutte entre ceux qui créent et ceux qui possèdent.

Dreaming Walls de Maya Duverdier et Joe Rohanne, Les Achimistes (1 h 20), sortie le 28 août

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