« Chroniques de Téhéran » d’Ali Asgari et Alireza Khatami : abus de pouvoir

[Critique] Un prologue, un épilogue et neuf scènes en plan fixe pour raconter l’Iran contemporain. Chaque saynète met face à face le peuple et une forme de pouvoir révélant les absurdités du régime. C’est simple, concis, et d’une efficacité redoutable. Bienvenue à Téhéran !


Le jour se lève sur la capitale iranienne, la lumière dévoile peu à peu la ville et les collines environnantes de ce qui pourrait être une grande ville comme les autres. Mais les cinéastes Ali Asgari et Alireza Khatami vont dévoiler le quotidien infernal des citoyennes et citoyens iraniens dans ce qu’on pourrait appeler un « film à sketchs », si chacune de ces situations n’était pas un acte de violence manifeste.

L’absurdité des situations – que ne renierait pas Franz Kafka – fait souvent rire de prime abord et, une fois le film terminé, laisse un goût amer. Neuf fois donc, un homme ou une femme, un enfant ou une grand-mère fait face à une forme d’incarnation d’un pouvoir invisible et abusif. Que ce soit un jeune père à qui l’on refuse le droit d’appeler son fils David (« Ce n’est pas un prénom religieux ») ou un homme qui, pour obtenir son permis de conduire, se lance dans un strip-tease afin d’évaluer la pertinence des phrases tatouées sur son corps, tous se retrouvent plongés dans un microthéâtre de l’absurde et de l’abus de pouvoir.

On n’est pas près d’oublier la mine blasée de cette gamine qui, entre deux chorégraphies apprises sur TikTok, essaie à contrecœur des tenues religieuses, ou l’aplomb de cette lycéenne qui retourne la situation face à une proviseure zélée. Percutant et salvateur.

Chroniques de Téhéran d’Ali Asgari et Alireza Khatami, ARP Sélection (1 h 17), sortie le 13 mars.