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« Anzu, chat-fantôme » d’Yoko Kuno et Nobuhiro Yamashita : un bijou franco-japonais cha(t)rmant
- Chloé Blanckaert
- 2024-07-15
[CRITIQUE] Rare coproduction entre la France et le Japon, Anzu, chat-fantôme d’Yoko Kuno et Nobuhiro Yamashita ose, pour le meilleur, la rotoscopie et le grand huit des tonalités.
Il a fallu plusieurs années pour que le projet voie le jour, mais cela valait le coup d’attendre. Imaginez un chat roux, grand comme un homme, à la fois gardien de temple, chiropraticien et addict aux jeux d’argent, qui débarque sur son scooter en balançant à la cantonade un « Salut, miaou ! » un peu blasé. C’est comme ça que l’on rencontre pour la première fois Anzu, chat-fantôme responsable de la jeune Karin, orpheline de mère, depuis que son père, petit malfrat, l’a laissée pour quelques jours chez son grand-père, moine d’une petite ville côtière de la province japonaise.
Dans cette fable adaptée du manga éponyme de Takashi Imashiro, le réel côtoie le spirituel, donnant corps aux créatures du folklore japonais telles que les yōkai ou les kami. Sorte de cousin éloigné du Voyage de Chihiro de Hayao Miyazaki, Anzu, chat-fantôme floute les frontières des mondes pour mieux nous parler du deuil et de la peur de l’abandon. La narration, n’hésitant pas à faire le grand écart des tonalités, allant du potache au mélodrame, est sublimée par une animation en rotoscopie où se rencontrent décors presque impressionnistes et réalisme des expressions et des gestes. Un petit bijou franco-japonais vraiment cha(t)rmant.
Anzu, chat-fantôme d’Yoko Kuno et Nobuhiro Yamashita, Diaphana (1 h 30), sortie le 21 août
Image (c) Copyright Shin-Ei Animation, Miyu Productions, 2024