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« Adieu Monsieur Haffmann » : l'appât du gain
- Damien Leblanc
- 2022-01-10
Avec ce huis clos dans le Paris occupé, Fred Cavayé réussit une reconstitution historique pleine de tension qui se resserre progressivement sur un triangle amoureux pour blâmer la lâcheté ordinaire et les compromissions criminelles.
À Paris, sous l’Occupation, François Mercier (Gilles Lellouche) travaille comme employé pour un talentueux joaillier, Joseph Haffmann (Daniel Auteuil). Lorsque le port de l’étoile jaune pour les Juifs est décrété au printemps 1942, monsieur Haffmann confie temporairement sa boutique à François et se voit contraint de se cacher au sous-sol. Durant cette longue cohabitation, François va s’avérer de plus en plus conciliant avec l’occupant nazi, tandis que son épouse, Blanche (Sara Giraudeau), se prend peu à peu d’affection pour Joseph…
Librement adaptée de la pièce de théâtre de Jean-Philippe Daguerre, la sixième réalisation de Fred Cavayé retrouve certains accents de son premier film Pour elle (sorti en 2008 et qui développait déjà une atmosphère carcérale) et se frotte à une trame historique évoquant Le Dernier Métro de François Truffaut (1980). La mise en scène se concentre sur la tension créée par l’abyssale lâcheté d’un homme prêt à sacrifier ses principes par appât du gain, tandis que le triangle amoureux montre une frustration et une jalousie masculines qui dégénèrent vers le crime. Manières pour Cavayé de rappeler avec force que le courage reste une valeur rare et précieuse dans les temps politiques troublés.
Adieu Monsieur Haffmann de Fred Cavayé, Pathé (1 h 56), sortie le 12 janvier
Image : Copyright Vendôme Production