« Adam change lentement » de Joël Vaudreuil : un boyhood comique

[CRITIQUE] Comment grandir lorsqu’on se sent complètement dépassé face à son propre corps et face aux autres ? Grâce à son singulier humour absurde, ce film d’animation québécois retranscrit avec justesse l’univers d’un adolescent complexé.


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Adam, 15 ans, se tient constamment la tête très basse, comme s’il voulait disparaître, embarrassé par ce grand corps dont il ne sait que faire. Alors qu’il se transforme à chaque commentaire négatif qu’il reçoit, son apparence bizarre traduit le malaise adolescent qu’il vit dans son for intérieur… Avec ce premier long métrage, Joël Vaudreuil réussit à instaurer une atmosphère étrange, entre souvenirs traumatisants, cauchemars et scènes du quotidien pesant du jeune garçon. Et si le loser est désespérément amoureux de la fille populaire, ce n’est que pour mieux détourner des situations typiques du teen movie par le recours à l’absurde.

Le film est peuplé de personnages monstrueux, comme ce curieux chat-tronc dont le héros s’occupe. En résulte une galerie de situations grotesques qui renforce les sentiments d’impuissance et d’incompréhension de ce héros à la silhouette atypique, vis-à-vis d’un monde où il peine à trouver sa place. Issu d’un processus artisanal, le style graphique des dessins s’éloigne de l’animation mainstream et apporte un magnifique rapport poétique à la difformité. Le cinéaste dépeint ainsi l’errance de la puberté, mêlant doutes, découvertes, hontes et désirs, avec une authenticité troublante.

Adam change lentement de Joël Vaudreuil, Eurozoom (1 h 36), sortie le 29 mai

Image : © Eurozoom