
Quelque part dans les Landes, au cœur d’une forêt dont on ne connaîtra pas le nom, une famille s’exerce au maniement du feu, dans l’enchaînement des nuits ponctuées par l’explosion de bombes. Il y a Margot, qui orchestre les opérations d’une main de maître, Patrick, son père aux déguisements loufoques, et Jean, l’enfant fougueux en plein apprentissage.
Dans un format carré qui concentre le regard et l’ouïe du spectateur, bientôt à l’affût de pistes sur les agissements aussi cérémonieux que sibyllins de ce groupe taiseux, Un pays en flammes propose un voyage sensoriel assez inouï. Longtemps on tâtonne dans le noir pour trouver ses marques, avec pour seuls et majestueux guides l’éclat de la lune et l’embrasement d’arbres par-delà un grand lac.
Patiemment se prépare sous nos yeux le grand final, spectacle nocturne peuplé d’étincelles qui s’épanouissent bientôt dans le ciel, sous les ordres d’un peuple de l’ombre, gardien d’une profession que le cinéma a jusqu’ici peu observée – et qu’on ne dévoilera pas ici pour laisser intacte la surprise.
Dans ces espaces aux allures mystiques, magnifiés par d’amples morceaux lyriques, Mona Convert – déjà réalisatrice d’un court métrage, Entre les rivières, en 2019 – joue de la polysémie de son titre, dont la lecture première pourrait signifier la lutte.
Un pays en flammes exprime plutôt l’ardeur que met cette famille à travailler son art, à en proposer de nouvelles formes et – surtout – à le transmettre, tout en affirmant un rapport aussi franc qu’émouvant au vivant, geste éminemment politique s’il en est.
: Un pays en flammes de Mona Convert (The Dark, 1h11), sortie le 30 avril