
Récemment, un ami m’a dit très sérieusement : « Le jour où j’ai compris que j’étais moche, j’ai décidé de tout miser sur l’humour. » Je n’ai pas osé lui dire qu’il n’était pas si drôle que ça. Mais sa lucidité, un brin masochiste et quand même vachement optimiste, m’a interrogé. Est-ce que l’existence est si bien faite que, quand on ne ressemble pas à Timothée Chalamet ni à Sabrina Carpenter, on se doit de développer une capacité de séduire par le rire ? L’exemple est mal choisi parce que Timothée et Sabrina, en plus d’être beaux, sont drôles. Explique-moi ça, Darwin.
Que nous reste-t-il alors si les gravures de mode sont aussi des clowns (sexy) ? Le charme. Ce fameux mot qui dit tout et rien, mais qui fait que quand votre meilleur(e) pote vous parle de son dernier crush en employant l’expression « vachement de charme », vous savez. Pas un 10, à peine un 6 au mieux, mais drôle ; alors ça passe.
Le charme, c’est le sujet de L’amour c’est surcoté, comédie romantique tout feu tout flamme de Mourad Winter. L’histoire d’un mec pas dingue qui drague une fille super, sans même bien savoir pourquoi. Sauf qu’elle s’amuse à lui répondre. Et alors, c’est le grand doute. Comment conquérir l’autre quand on sent bien qu’on n’a pas les armes ? On en rigole.
Jamais, je pense, Hakim Jemili et Laura Felpin ne s’étaient imaginés en Hugh Grant et Julia Roberts. Ils avaient tort. Ces deux-là, ensemble, armés de leur sens du rythme, font des étincelles.
Des papillons dans le ventre que cette comédie façon ball-trap dégomme à grands coups de dérapages contrôlés, de vannes borderline, de personnages improbables et de situations gênantes. C’est comme si le monde était bien trop nul pour que ces deux-là puissent s’aimer. Anis, le héros, en est certain.

Et puis, est-ce que ça vaut vraiment le coup de tomber amoureux quand, déjà, on ne tient pas bien en équilibre ? N’attendez pas une réponse de ma part. Je vous pose la question.
J’aurais envie de vous dire : « Oui, quand c’est de Laura Felpin », mais ça fait beaucoup pour elle. Hugh Grant a passé sa vie à nous faire croire qu’un sourire charmeur et une bonne réplique faisaient tout. Mourad Winter, lui, nous répond que la seule façon de tomber amoureux, c’est d’arrêter de se cacher derrière l’humour. De mettre une vitre de blagues entre le monde et soi. Et pour ça, il faut trouver la bonne personne.
Un film de tchatche, de vanneurs qui finit par s’épuiser lui-même. Un silence nouveau qui laisse place à un abîme de mélancolie. Comme si rire de tout, c’était une triste façon de détourner le regard. Il faudra qu’Anis croise la route de Madeleine pour qu’il apprenne à voir ce qui est beau, à commencer par lui. C’est bien la preuve que les gens vraiment beaux, comme les gens drôles, s’ignorent. C’est même à ça qu’on les reconnaît.
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L’amour c’est surcoté de Mourad Winter, StudioCanal (1 h 37), sortie le 23 avril
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