« Gazer »de Ryan J. Sloan : une pépite du cinéma indé

Ce thriller paranoïaque tourné en 16 mm et présenté à la Quinzaine des cinéastes en 2024 s’impose comme une pépite du cinéma indépendant américain et marque les débuts de Ryan J. Sloan en tant que réalisateur.


gazer
Gazer

Frankie est atteinte de dyschronométrie, une maladie dégénérative qui altère sa perception du temps et de la réalité. Depuis la mort de son mari, sa fille vit chez sa belle-mère. Déterminée à réunir l’argent nécessaire pour en récupérer la garde, elle accepte la mystérieuse proposition d’une inconnue…

Multipliant les ellipses temporelles, toute la mise en scène fait corps avec la dégradation mentale de son héroïne, remarquablement incarnée par Ariella Mastroianni (également coscénariste). Semblables à ceux de Taxi Driver, les gros plans sur Frankie laissent paraître sa confusion et sa vulnérabilité. Son esprit, qui peut vaciller à chaque instant, insuffle aux séquences de filature – résolument hitchcockiennes – une tension colossale. Lorsque la conscience du personnage principal bascule dans le cauchemar, le cinéaste convoque le body horror dans un geste qui évoque David Cronenberg, apportant une dimension terrifiante au film.

Tourné dans le New Jersey pendant plus de deux ans durant les week-ends, The Gazer est un petit film fauché dans le bon sens du terme. Il incarne l’essence de la création et du cinéma indépendants, alliant une conceptionpassionnée à un rendu maîtrisé. Ryan J. Sloan, électricien devenu cinéaste, y dévoile une franchise émouvante à l’égard du thriller et du cinéma américain, et réalise un très beau premier film.

The Gazer de Ryan J. Sloan, UFO (1 h 56), sortie le 23 avril