
Queer Gaze est la rubrique de notre journaliste Timé Zoppé sur le cinéma LGBTQ+
« J’ai le souvenir d’un film vu quand j’avais 7 ou 8 ans. Je suis allé voir Flashdance [d’Adrian Lyne, 1983, ndlr] avec ma grand-mère. J’ai toujours été fasciné par la danse, ça a toujours été une passion. Ce film m’a extrêmement marqué car il a changé ma manière de voir la danse, ce que ça signifiait pour moi. J’ai compris qu’on pouvait raconter des histoires à travers cette discipline.
Après Flashdance, il y aeu Le Grand Bleu de Luc Besson [1988, ndlr]. J’ai dû le voir une dizaine de fois. Ça m’a fait entrer dans un autre univers et comprendre ce que c’était une passion. J’avais 12 ou 13 ans. Je suis allé le voir au Rex. Ça a été fort pour moi de voir cette histoire, cette flamme et cette sensibilité, cette relation que le héros a avec l’eau, la mer. Et aussi ce désir d’aller toujours plus loin.
J’ai grandi à Paris, jusqu’à mes 18 ans. Mon enfance, je l’ai vécue dans le 93, à Bobigny, et mon adolescence, dans le Marais, dans le 3e arrondissement. C’était dans les années 1980 et 1990. A l’époque, je passais mes vacances chez mes grands-parents. C’était systématique : le samedi soir, on regardait Dallas et Dynastie. Des séries très over-the-top, too much, avec ces coiffures et ce côté un peu camp exaltant.
A LIRE AUSSI : QUEER GAZE · Bambi, danseuse, enseignante et écrivaine : « Tout dans ‘‘Gilda’’ m’avait plu. Je m’étais vue. »
Ça racontait des histoires abracadabrantes, ça m’a permis de comprendre comment garder le suspense, cette audience qui allumait sa télé tous les samedis pour regarder les épisodes. Ça fait très longtemps que je ne les ai pas revues, donc j’hésitais à vous en parler. Mais c’est la première chose qui m’est venue en tête quand vous m’avez posé la question. Je pense que ça m’a influencé. Ce côté over-the-top, je le retrouve dans mon travail, avec aussi ce côté glamour et fashion.
En parlant avec Steven Knight, le créateur de la série Peaky Blinders, j’ai tout de suite été transparent en lui racontant qui j’étais, comment je voyais le monde et les influences que je voulais mettre dans le spectacle. Il m’a vraiment encouragé. Certaines personnes qui dansent dans ma compagnie sont fluides, vivent leur vie comme ça et sont fier(e)s de l’être. Donc il y a beaucoup d’influences queer dans mon Peaky Blinders. Le spectacle que l’on va voir sur la Seine Musicale est pour les fans de la série, bien sûr, mais pas que. Par exemple, il y a une scène dans un club avec du cross-dressing, des pin-up de genre masculin. En tant qu’homme homosexuel, c’était très important que je mette ma patte, ma trace dans ce spectacle. »
A LIRE AUSSI : QUEER GAZE · L’âge d’or du cinéma lesbien (dossier complet)

: Peaky Blinders : The Redemption of Thomas Shelby, du 12 au 30 mars à la Seine Musicale