
Pierre-Olivier Persin (Oscar des meilleurs maquillages et coiffures pour The Substance de Coralie Fargeat)
On l’avait surnommé le « Frankenstein du grand écran » dans le portrait qu’on lui avait consacré, après l’avoir rencontré dans son atelier montreuillois en octobre 2022. Sculpteur, peintre et maquilleur prosthétique (qui travaille souvent à partir de moulages en 3D), Pierre-Olivier Persin, dit « POP FX », est un professionnel que tout le monde s’arrache – les créateurs de Game of Thrones, les réalisateurs Alexandre de La Patellière et Matthieu Delaporte pour Le Comte de Monte-Cristo, mais aussi Coralie Fargeat, qui l’a embauché pour son dément The Substance (pour lequel il a gagné ce prix).
C’est mérité, tant on garde en tête des images d’anthologie, comme le dos de Demi Moore serpenté par une longue cicatrice qui ondule et vibre lorsque Sue, son double, sort de son corps (en réalité, un mannequin sans jambe, comme nous le montrait le making-of du film de MUBI). Le tout fabriqué de manière artisanale.
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Stéphanie Guillon (Oscar des meilleurs maquillages et coiffures pour The Substance de Coralie Fargeat)
Cheffe maquilleuse depuis près de 30 ans, elle a bossé sur Le Pacte des loups (2001), Les Chansons d’amour (2007) ou plus récemment sur le film de genre Vermines de Sébastien Vaniček (2023).
Son plus grand challenge technique sur The Substance ? On aurait pu penser que ce serait le (faux) sang, projeté en quantité monstre dans le body horror de Fargeat (21 000 litres pour une seule scène, comme nous l’avait confié la réalisatrice). Mais non, comme l’a confié l’intéressée sur la chaîne YouTube Parcours Authentiques : « Les plus compliquées, ce sont les prothèses que tu vas devoir maquiller en naturel, c’est-à-dire sans sang. Quand tu fais une blessure et qu’elle n’a pas de sang, ça, pour moi, c’est très compliqué à faire. Parce que le sang, si tout est planté, ce n’est pas grave, t’en fous partout, et ça couvre. Tandis qu’une cicatrice […], pour trouver la bonne couleur, faire bien tes bords…, ce n’est pas un truc que tu maîtrises parce qu’on ne le fait pas tous les jours. » Son travail étant ultra minutieux, on y voit que du feu.
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Marilyne Scarselli (Oscar des meilleurs maquillages et coiffures pour The Substance de Coralie Fargeat)
Les séries Plus belle la vie et The English, la Palme d’or Titane de Julia Ducournau (2021)…Discrète, la cheffe coiffeuse a pourtant fait des merveilles avec ses ciseaux et perruques dans The Substance : « Demi Moore a les cheveux très longs, jusqu’au bas du dos, elle a des cheveux magnifiques, brillants mais avec cette brillance et de bons produits ça pouvait glisser, alors il fallait faire une bonne base de perruque», avait confié la Marseillaise de 46 ans à France 3 Provence-Alpes, peu après que le film de Coralie Fargeat a été récompensé aux BAFTA, à la mi-février (en remportant notamment le prix des meilleurs maquillages et coiffures). Ces deux récompenses prestigieuses lui ouvriront très probablement des portes.
⇨ Dans l’histoire de la cérémonie, c’est la première fois que des Français remportent l’Oscar des meilleurs maquillages et coiffures.
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Camille et Clément Ducol, lauréats de la Meilleure chanson pour El Mal dans Emilia Pérez
La dernière fois qu’un Français avait remporté l’Oscar de la meilleure chanson, c’était Michel Legrand en 1969, pour Les Moulins de mon cœur, morceau qui figure dans L’Affaire Thomas Crown. Le duo que forment à la ville comme à la scène Camille et Clément Ducol vient de renouveler l’exploit.
Avec le puissant titre El Mal, interprétée par Zoe Saldaña dans la comédie musicale Emilia Pérez de Jacques Audiard, ils ont voulu « dénoncer la corruption » qui gangrène le Mexique, et rappeler « le rôle que l’art peut endosser comme une force pour le bien et le progrès dans le monde », comme ils l’ont expliqué sur la scène des Oscars.
Les deux artistes, qui ont planché quatre ans sur l’écriture de cette BO enflammée, entre opéra et sonorités reggaeton, n’en sont pas à leur coup d’essai. Camille, quatre Victoires de la musique en poche, a déjà vu son tube La Douleur repris lors du Saturday Night Live, et a composé la chanson Home Is Where It Hurts pour Juste la fin du monde de Xavier Dolan. Quant à Clément Ducol, qui est arrangeur pour Christophe, Vincent Delerm et Alain Souchon, il a travaillé sur l’opéra rock Annette, aux côtés des Sparks, et récemment composé la musique de Linda veut du poulet ! de par Chiara Malta et Sébastien Laudenbach.
Flow, le chat qui n’avait plus peur de l’eau et Je suis toujours là : deux coproductions françaises
Le film d’animation sublime du réalisateur letton Gints Zilbalodis, balade ultra sensorielle auprès d’un chat qui cherche à sauver sa peau dans un monde apocalyptique, a remporté l’Oscar du meilleur film d’animation, et c’est aussi un motif de fierté pour la France puisqu’il s’agit d’une coproduction France-Belgique-Lettonie. La boîte Sacrebleu Productions et les SOFICA (Sociétés de financement de l’industrie cinématographique et de l’audiovisuel) ont en effet apporté leur aide financière au projet.
Enorme succès au Brésil, Je suis toujours là du Brésilien Walter Salles, qui retrace l’histoire d’une famille brésilienne victime dans les années 1970 de la barbarie de la dictature, a lui obtenu l’Oscar du meilleur film international. Et il s’agit là encore d’une coproduction française (MACT Productions). Cocorico.