
À El Barsha, au sein de la communauté copte, de jeunes Égyptiennes aux portes de l’âge adulte interprètent, en pleine rue, de courtes scènes où se dit sans ambages le poids sclérosant du patriarcat. Comment aborder la maternité à l’adolescence ? Peut-on prétendre au bonheur au sein d’un mariage arrangé ? Que faire des injonctions qui asservissent le corps des femmes ?
C’est ce positionnement éminemment politique qu’épouse le film de Nada Riyadh et Ayman El Amir, duo remarqué en 2016 avec Happily Ever After, plongée intime au cœur du Printemps arabe. En infiltrant, quatre années durant, le quotidien de Majda, Monika ou Haidi, la caméra ne joue pas simplement un rôle d’observatrice, glanant de quoi raconter une jeunesse rurale contestataire, mais s’impose comme un outil grâce auquel faire progresser leur trajectoire.
Ces filles « au bord de leurs rêves » (pour reprendre le titre anglais du documentaire), filmées sur scène comme dans l’intimité, utilisent la présence des cinéastes pour aborder discussions et situations pivots avec plus de poids, mettant ainsi littéralement en scène leur avenir.
Cet emploi collectif de l’instrument cinéma, aux côtés des tambours de la troupe, fait aussi résonner l’envie de décentralisation des viviers artistiques égyptiens que sont Le Caire et Alexandrie, avec comme avant-garde d’un geste libératoire un village le long du Nil.
Les Filles du Nil d’Ayman El Amir et Nada Riyadh, Dulac (1 h 42), sortie le 5 mars