Jeanne Burel et Louise Chennevière : « Britney a une innocence désarmante »

En retrait du monde la musique depuis plusieurs années, l’icône pop Britney Spears ne cesse pourtant pas de fasciner. Une semaine seulement après sa diffusion début janvier sur Arte, la série « Britney sans filtre » de Jeanne Burel cumulait plus d’un million de vues. Quelques mois plus tôt, en août 2024, Louise Chennevière faisait paraître son troisième livre, « Pour Britney », depuis vendu à plus de 20 000 exemplaires. On a réuni dans un café parisien la réalisatrice et l’écrivaine, toutes deux trentenaires et incollables sur le sujet Britney, pour une interview, afin qu’elles analysent les raisons de tels succès, mais aussi pour qu’elles nous racontent, d’un point de vue plus intime, pourquoi la star compte tant pour elles.


gauche : Jeanne Burel et Louise Chennevière à Paris, le 9 février dernier © TROISCOULEURS / à droite : stickers de Britney
à gauche : Jeanne Burel et Louise Chennevière à Paris, le 9 février dernier © TROISCOULEURS / à droite : stickers de Britney vendus sur Joom

Vous vous êtes déjà rencontrées l’une et l’autre avant cet entretien ?

Jeanne Burel : On m’a donné le livre de Louise avant qu’il ne sorte. Je l’ai lu l’été dernier et j’ai été frappée par le fait qu’on avait le même point de départ : le point de vue d’une petite fille d’une dizaine d’années, complètement fascinée par Britney, et qui essaie de l’imiter.

Louise Chennevière : Jeanne m’avait rencontrée dans une librairie et m’avait parlé de sa série, que j’ai adorée. Ce sont des images que je connais. Il y en a certaines dont je parle d’ailleurs, genre la scène où Britney a 8 ans et qu’elle chante du Céline Dion comme une dingue. Mais c’est différent d’écrire dessus et de le montrer. Toi, tu as hyper bien mis en scène toutes ces archives-là. Le montage que tu as fait est très précieux.

J.B. : En lisant ton livre, j’ai été frappée par le fait que tu décrivais des archives que j’étais en train de monter. Il y avait une coïncidence. Enfin, ce n’est pas une coïncidence, parce que c’est dans l’air du temps. On est de la même génération. Ce que je voulais avec la série, c’était regarder Britney comme un phénomène anthropologique, comme un fait social total qui raconte l’histoire d’une génération, l’évolution de notre rapport aux médias, aux images.

Vous participez toutes les deux à l’entreprise de réhabilitation de Britney qui court depuis quelques années. En quoi MeToo et notre époque ont accompagné l’évolution du regard qu’on porte sur la star féminine ?

J.B. : J’ai l’impression qu’on est la première génération qui a la capacité de se retourner sur sa jeunesse aussi vite, parce que les médias, les modes de communication et de représentation ont évolué, et que ça a été en plus catalysé par MeToo. Je me suis rendu compte il n’y a pas longtemps que le point de départ de ma série, c’est une vidéo dans laquelle Britney est en train de peindre sur Instagram. Avant ça, Britney était depuis un moment sous tutelle [accusée d’être une mauvaise mère, hospitalisée de force, la popstar est mise sous tutelle en 2008, et pendant treize ans, par son père, ndlr], elle était un peu passée au second plan. J’ai vu que cette vidéo avait été publiée en octobre 2017. Or, en octobre 2017, il y a eu l’éclatement du scandale Harvey Weinstein. Sans MeToo, je n’aurais jamais eu l’idée de regarder Britney à travers ce prisme-là.

L.C. : Moi, je pensais que j’étais hyper avancée sur le féminisme et d’un coup, je lis les mémoires de Britney [La Femme en moi, publié 2023, ndlr], je me dis : « Putain, mais en fait tout ça, je ne m’en suis jamais occupée, ni pour elle, ni pour moi. » Elle raconte notamment que quand elle a fait une dépression post-partum, elle ne pouvait pas le nommer, parce que ce n’était absolument pas démocratisé comme terme.  C’est assez génial de voir comment on avance.

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Britney Spears
Britney Spears

Qu’est-ce que la lecture de son autobiographie, dont le récit est profond, détaillé, mais dont la patte est presque enfantine, vous a procuré comme sentiment ?

L.C. : J’avais appris à mépriser Britney, et son livre m’a reconnectée à elle.

J.B. : Je ne sais pas si ça t’a fait ça Louise, mais moi j’avais la sensation d’entendre sa voix pour la première fois de ma vie. Là, de voir écrit noir sur blanc ce qu’elle avait vécu… Ses mémoires sont étonnantes parce qu’à certains moments, elle est dans une description des faits extrêmement linéaire, plate, et dans d’autres, elle a des analyses fulgurantes. Elle est beaucoup plus intelligente qu’on ne le croit. Elle a tellement été prise au cœur d’un système depuis l’enfance… Mais quand j’ai revisité son histoire à l’aune du féminisme et de MeToo, je me suis sentie mal à l’aise vis-à-vis de moi-même.

Pourquoi ?

J.B. : J’avais vachement de regrets. Je me disais qu’on avait eu toutes les images sous les yeux et qu’il n’y avait pas d’outil à l’époque pour les analyser et se dire qu’il y avait quelque chose qui clochait. Il y a vraiment des moments en préparant la série où je dérushais des archives et je finissais par pleurer. En plus, je suis devenue mère pendant la production. Je me suis dit : « Comment on a pu laisser passer des trucs pareils ? » C’est pour ça que je ne voulais pas que ma série soit juste facile à regarder.

L.C. : Quand tu vois cette interview [accordée en 2003 à la journaliste d’ABC Diane Sawyer, qui est montrée dans la série de Jeanne Burel, ndlr] où on lui parle de Justin Timberlake, où on lui dit qu’elle est une mauvaise mère et qu’elle finit par pleurer, c’est d’une violence ! Après, il y a aussi ce truc où moi, à une période, j’ai rejeté tout ce qui était féminin, parce que c’était tellement méprisé tout le temps. En réalité, c’était de la haine de soi. De reconnecter avec cette partie de mon enfance, ça a ouvert quelque chose, ça m’a donné de la puissance. Parce que petite, pour moi, les clips, c’était une source de liberté, ça me faisait me sentir hyper vivante. J’ai eu l’impression qu’on m’avait enlevé cette légèreté avec le temps.

J.B. : D’ailleurs, j’ai montré ma série à ma cousine qui a le même âge que moi. Elle m’a rappelé un épisode de quand on était petites et qu’on se donnait en spectacle devant la famille.  Elle avait reproduit le clip de (You Drive Me) Crazy [titre de Britney issu de son premier album …Baby One More Time, sorti en 1999, ndlr], donc elle avait mis un truc ultra court, très suggestif. Nos mères étaient consternées !

L.C. : J’ai parlé avec la mère d’une amie qui me disait qu’il y a avait eu un moment où toutes les gamines mettaient des crop-top. Britney était devenue l’ennemie numéro 1.

J.B. : Alors que ce n’est pas un problème en soi que les petites filles portent des crop-top… C’est ce que tu dis dans ton livre, quand quelqu’un se met à dire à une fille : « Croise les jambes, on voit ta culotte. » Mais c’est quoi le problème avec le fait de voir notre culotte ? Le problème, c’est la personne qui regarde notre culotte, ce n’est pas qu’on la montre.

«  En lisant les mémoires de Britney, j’ai eu la rage qu’on lui ait fait subir tout ça »

Louise Chennevière

Pour Britney oscille entre l’ode et le pamphlet. Il y a une narration très particulière, sans ponctuation ou presque, un rythme effréné, une langue dépouillée, comme le lieu d’un déversement spontané et total…

L.C. : Je pense que ce lyrisme vient d’un sentiment très profond de colère. Je me suis mise à écrire à l’instant où j’ai fini de lire les mémoires de Britney. J’étais en état de transe pendant trois semaines. La veille de commencer cette lecture, l’idée même d’écrire sur elle m’aurait paru absurde. Mais en les lisant, j’ai tellement eu la rage qu’on lui ait fait subir tout ça… Au début, quand je leur ai parlé du projet, mes colocs étaient là : « What the fuck ? Elle a vrillé. » Donc foncer comme ça, ça a été une manière de ne pas trop réfléchir.

Et toi Jeanne, comment as-tu imaginé la forme de ta websérie, son esthétique cyber-pop, très Y2K, qui peut parler à la jeunesse actuelle ?

J.B. : Dès le début, je l’ai toujours pensé comme une websérie, je ne sais pas pourquoi. J’étais en mode : « Il faut que je fasse un truc sur Britney Spears, l’agneau sacrificiel. » Et quand je l’ai pitché à ma productrice la première fois, je lui ai dit : « Britney Spears, c’est la Marilyn Monroe des années 2000. » Arte m’a dit que c’était une super idée, mais il voulait en faire un projet unitaire, donc un truc plus « la télé à papa ». Finalement, on m’a dit ok pour la série, mais il fallait quelqu’un qui réalise. J’ai rencontré une fille géniale, Gabrielle Stemmer, qui a fait une série pour Arte qui s’appelle Femmes sous algorithmes [inspirée par des tas de vidéos YouTube dans lesquelles des femmes se filment en train de faire le ménage, à voir ici, ndlr]. Elle a travaillé avec moi pendant un an sur la première partie du développement. On avait réfléchi à une forme qui est le « desktop documentary » [des films ou vidéos dont le contenu est issu d’internet. La production de ces contenus se fait à partir d’un logiciel de capture d’écran vidéo qui enregistre les images et sons produits par l’appareil (téléphone, ordinateur…), ndlr]. Tout est vu à travers l’écran d’un ordinateur.

Le nombre d’archives empilées épisode après épisode est assez impressionnant. Pourquoi en avoir utilisé autant ? Et comment as-tu fait le tri ?

J.B. : Il y avait dès le début cette idée de foisonnement, d’accumulation d’images, qui sont à la fois des images de Britney sous la masse desquelles elle a disparu, qui ont contribué à la déshumaniser, et à la fois la masse des images qui circulent en soi. Parce que c’est une série sur la manière dont Internet produit des images, et dont nous on les consomme de manière totalement addictive. C’est aussi le résultat de toutes ces années à scroller et mettre des images trouvées sur Internet de côté. J’avais emmagasiné une somme d’images, avec énormément de choses imprimées dans ma rétine. Il fallait que la forme épouse le fond. Mais même si je ne voulais pas seulement faire une bio de Britney, il fallait quand même raconter son histoire, parce que tout le monde ne la connait pas. Je suis restée très longtemps en développement [le stade qui précède la production, ndlr] mais l’avantage, c’est que quand je suis arrivée en montage, j’avais pu faire le tri de tout ça, je savais exactement ce que je voulais raconter et comment le raconter.

« C’est un miracle que Britney ne soit pas morte »

Jeanne Burel

On parle de Britney comme d’une survivante. Vous pensez que c’est juste ?

J.B. : La particularité de Britney dans le schéma typiquement américain du « rise and fall » [ascension et chute, ndlr], c’est qu’en vrai, elle aurait dû mourir. C’est un miracle qu’elle ne soit pas morte comme Marylin Monroe ou le Club des 27 [un groupe qui réunit des artistes anglosaxons tous disparus à l’âge de 27 ans, comme Jim Morrison, Jimi Hendrix, Janis Joplin, Kurt Cobain ou plus récemment Amy Winehouse, ndlr]. Les artistes du XXème siècle qui ont fait face à une déchéance comme ça, soit ils mouraient, soit ils se retiraient.

Et je pense que nous, en tant que public, on n’est pas habitués à voir ce qui se passe après. Le fait qu’elle s’expose comme ça sur Instagram, qu’elle nous confronte, c’est hyper intéressant.  Elle le dit elle-même : elle a des séquelles neurologiques et physiologiques de ce qui lui est arrivé. Elle dit que quand elle a été internée de force au moment de sa tutelle, elle a été obligée de rester assise et que, depuis, elle a un côté du corps qui bouge moins bien que l’autre. Elle est en syndrome post-traumatique, et, si ça se trouve, elle le sera toute sa vie.

L.C. : Ce qui m’a frappée dans ses mémoires, c’est sa solitude. Au moment où elle est au summum de sa carrière, en réalité elle ne peut plus rien faire. Avant même d’avoir eu ses enfants, elle vit dans un immense appartement à New York, puis elle attend toute seule le soir chez elle.

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Capture de posts Instagram de Britney Spears dans la série Britney sans filtre © Arte

Un point commun parmi d’autres entre le livre et la série, c’est le fait que vous racontiez parfaitement comment Britney, plongée dans le bain du show-business toute jeune avec le Mickey Mouse Club, a en réalité été maintenue dans un état de « petite fille » tout au long de sa vie…

L.C. : Pour mon prochain livre,je m’intéresse beaucoup au sujet de la violence intrafamiliale, et au fait qu’il y ait une sorte d’aveuglement. Britney, dans son livre, défend quand même ses parents, alors qu’elle a subi une forme de violence de leur part.

J.B. : Là-dessus, on peut aussi parler du cas de Michael Jackson. C’est symptomatique de l’industrie américaine. Et puis c’est plus facile de plaquer des archétypes de conte de fées sur des enfants. Ce qui est intéressant, c’est qu’on pardonne beaucoup moins aux jeunes filles du Mickey Mouse Club [émission de télé américaine culte, créée en 1955 et interrompue en 2018, qui mettait en avant de très jeunes talents de la chanson ou de la comédie, ndlr] qu’aux garçons. Toutes ces enfants stars à qui on n’a pas pardonné d’être devenues sexy, il y en a la pelle.

L.C. : Je ne sais plus si tu as mis dans ton docu les images de Justin Timberlake [qui a rencontré Britney au Mickey Mouse Club, ndlr] qui est à la télé avec sa mère et qui fait semblant de pleurer par rapport à sa rupture avec Britney. Alors que la réalité, c’était que lui l’avait trompée avec des fans, et que Britney était effondrée…

J.B. : Il a lancé sa carrière sur son dos. Il a quand même fait un clip où il y a une meuf qui joue Britney et qui le trompe [Cry Me A River, en 2002, ndlr].

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Britney sans filtre © Arte

« Le phénomène des fans, ça peut avoir des bénéfices énormes comme des dérives atroces. »

Jeanne Burel

Les fans se sont énormément mobilisés dans la défense de Britney, notamment avec le mouvement #FreeBritney, qui a mis en lumière la tutelle abusive qu’exerçait sur elle son père. Ils ont contribué à faire en sorte que cette affaire soit traduite devant la justice, qui a fini par lever cette tutelle. Comment percevez-vous leur influence ?

J.B. : D’abord, pour moi, les fans sont des archivistes incroyables. Ce qui s’est passé avec les fans de Britney, c’est un peu le premier épisode d’une longue série. Au début, dans ma série, j’ai voulu montrer comment les fans de K-pop ont trollé Trump à son meeting de campagne présidentielle [en 2020, à Tulsa, ndlr] en achetant des centaines de places pour qu’il soit face à une salle vide. Je voulais aussi parler de Amber Heard. Il y a quand même toute une communauté de masculinistes qui a été mobilisée par la défense de Johnny Depp pour détruire Amber Heard. Je fais un peu de veille sur les commentaires à propos de la série, et il y a énormément de gens qui critiquent le fait que je parle d’elle comme d’une victime. Ça montre que le phénomène des fans, ça peut avoir des bénéfices énormes comme des dérives atroces.

L.C. : Les fans de Britney, on les considérait au début comme des ploucs et des idiots. Mon père [Alain Chennevière, ndlr] est un chanteur de variété assez populaire, fan d’Elvis Presley, et je sais que j’ai essayé de m’éloigner de ça. Je trouvais ça un peu nul cette figure de fan. Donc je ne voulais surtout pas être associée aux fans de Britney. Au début, je me disais qu’il y avait quand même des choses plus importantes que le mouvement #FreeBritney, alors qu’en fait, c’était beaucoup plus sensé que ce que je pensais.

J.B. : Il y a un intervenant qui le dit dans ma série : ce mouvement raconte aussi la manière dont on s’est connecté tous entre nous via les réseaux sociaux, et comment ce ralliement a pu se concrétiser dans la rue et devenir massif.

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« Que tu chantes de la pop ou que tu écrives de la très grande littérature, ça ne marche pas si tu es une femme vue comme sexy. »
Louise Chennevière

Louise, dans ton livre, tu raccroches la figure de Britney à celle de Nelly Arcan, autre grande figure sacrificielle. Comment cette idée t’est venue ?

L.C. : Ça s’est vraiment télescopé. J’avais lu Nelly Arcan [grande écrivaine québécoise, autrice de livres puissants et crus comme Putain (2001) ou Folle : récit (2004), qui s’est suicidée en 2009, ndlr] l’été qui a précédé l’écriture de mon livre. J’étais révoltée que cette femme ait été réduite à son corps. J’avais envie qu’on entende sa voix, ce qu’elle disait sur le patriarcat, comme une claque. Ça m’a permis de montrer que, quoi que tu fasses, que tu chantes de la pop ou que tu écrives de la très grande littérature, ça ne marche pas si tu es une femme vue comme sexy. J’avais l’impression que Nelly était une sorte de double de Britney : la blonde ultra consciente, qui savait que tout allait mal se passer, que tout ça était un mensonge ; Britney, c’était un peu la version joyeuse, naïve de ça. Tout ce qu’a vécu Britney, Nelly l’a dit : elle parle de la figure de l’écolière à la même époque. C’est terrible de les mettre en rapport. Tu sens une même solitude, quelqu’un qui n’est pas entendue. Ce sont des choses qui, à micro-échelle, peuvent arriver à toutes les femmes. Ces moments où tu te mets à rougir, où tu ne sais plus quoi dire, où tu bégayes, et où en fait on te dépossède de toi-même. Là, me sentir capable avec le livre d’être intelligente en parlant de Britney, ça me fait quelque chose.

J.B. : Totalement d’accord. Parce que Britney, c’est la noblesse de la pop, des tubes intemporels…

L.C. : Les vidéos de ses concerts, ça m’électrise. Tu as l’impression après l’avoir vue que tu peux tout faire.

Si vous deviez choisir une image de Britney qui vous parle particulièrement, laquelle ce serait ?

J.B. : Spontanément, je pense aux images où elle se fait raser le crâne, puis la vidéo dans le salon de tatouage qui suit. Le moment où elle enlève sa capuche et où elle montre son crâne aux paparazzis, qu’elle se retourne et regarde droit dans les yeux les gens qui se foutent de sa gueule, ça me rappelle la Méduse [toile phare de Le Caravage, faite entre 1597 et 1598, ndlr]. Il y a un truc dans le regard de Britney qui, rétrospectivement, me pétrifie. Quelque chose de mythologique.

Méduse de Le Caravage (réalisée de 1597 à 1598)
Méduse de Le Caravage (réalisée de 1597 à 1598)

L.C. : Mon livre se finit d’ailleurs avec l’image de Salomé avec la tête de saint Jean-Baptiste [toile de Le Caravage inspirée par le Nouveau Testament, qui dépeint un effroi et une conscience aigüe face à la mort, ndlr]. Cette image de Britney en train de se raser, c’est vraiment l’endroit de ma honte. C’est le moment de mon adolescence où je me suis dit : « C’est chaud, elle a pété un plomb, il faut la faire interner. » C’est horrible parce que quelques années avant, c’était mon idole, je me sentais tellement proche d’elle…. Je ne sais pas si tu as remarqué ça Jeanne, mais souvent en interview elle a des faux ongles, et il lui en manque un. Ça me touche beaucoup.

Salomé avec la tête de saint Jean-Baptiste -  Le Caravage, 1606 ©Web Gallery of Art
Salomé avec la tête de saint Jean-Baptiste  – Le Caravage, 1606 ©Web Gallery of Art

Pour Britney de Louise Chennevière (éditions P.O.L., 144 p., 15€)

Britney sans filtre de Jeanne Burel (Arte, 2025)