
Après s’être formé à Hollywood à la fin des années 1920, Roberto Gavaldón retourne dans son Mexique natal et entame une carrière de réalisateur avec un premier long-métrage remarqué La Barraca (1945), tourné avec des réfugiés de la Guerre d’Espagne et avec lequel il remporte l’Ariel d’or du meilleur film (l’équivalent des Oscars au Mexique).
S’ensuit une œuvre prolifique, influencée par le cinéma américain, autant saluée par le public que la critique. Chaque film se méfie de l’héroïsme de ses personnages qui agissent sous la pression de terribles dilemmes, et se retrouvent le plus souvent piégés par la fatalité.
En s’appuyant sur les ressorts scénaristiques du mélodrame, le cinéaste a aussi recours à une esthétique théâtrale à la lumière contrastée, signée par un collaborateur régulier du cinéaste : le directeur de la photographie canadien Alex Phillips. Pour sa modernité et sa singularité, il importe aujourd’hui de (re)mettre en lumière ces classiques du genre qui rassemblés, forment une magnifique mosaïque sous l’emprise des sentiments.

Double destinée (1946)
Thriller aux accents fantastiques et adaptation du roman de Rian James dans lequel Dolores del Río, actrice mexicaine à la renommée internationale, incarne une femme jalouse de sa sœur jumelle qui hérite d’une grosse fortune. En sondant les ambitions sociales de María, le film s’affranchit de la représentation traditionnelle de la femme discrète et loyale, donnant à voir toute la perfidie de cette héroïne.
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
La déesse agenouillée (1947)
Ne supportant plus les tumultes de l’adultère, Antonio, un riche industriel, et Raquel, une chanteuse de cabaret, mettent fin à leur relation mais l’achat d’une statue grandeur nature représentant cette dernière, prolonge l’obsession de cet homme. À sa sortie, le film connaît un grand succès public qui peut s’expliquer par le charisme sombre de ce couple mais aussi par le renouvellement dans le traitement du désir comme un potentiel danger.
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Mains criminelles (1951)
Un charlatan promet succès et amour à qui veut l’entendre mais son implication dans une frauduleuse affaire se retourne contre lui et son épouse. Derrière un triangle amoureux se profilent les affres de la société mexicaine et la corruption sur fond de violence de classe.
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La nuit avance (1952)
À travers le portrait de Marcos, un champion de Jaï-alaï (pelote basque), séducteur et manipulateur, méchamment interprété par Pedro Armendáriz, se révèle la veulerie de cet homme traqué par des gangsters.
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Jours d’automne (1963)
Après le décès de sa tante, Luisa emménage à Mexico avec le désir de changer de vie. Elle travaille alors dans une pâtisserie, dont le gérant lui fait des avances. Alors qu’elle prépare son mariage, Carlos, son fiancé, se rétracte au dernier moment. Afin de pallier la cruauté du destin, elle se projette un bonheur fantasmé. Au-delà son apparence faussement joviale, Jours d’automne bouleverse par sa manière de dévoiler inéluctablement la mythomanie de cette jeune femme, jouée de façon naturaliste par Pina Pellicer.