« Mon gâteau préféré » de Maryam Moghaddam et Behtash Sanaeeha : une romcom politique

[CRITIQUE] Loin du drame ou du thriller métaphysique auquel il nous a habitués, voilà que le cinéma iranien, toujours aussi politique, réussit son tour du côté de la romance entre septuagénaires.


Mon gâteau préféré
© Arizona Distribution

Un taxi, c’est un endroit de passage. Un véhicule de transition, pour un déplacement transitoire. Dans le cinéma iranien, depuis Ten d’Abbas Kiarostami, il symbolise l’interstice dans lequel l’incongru, la nouveauté, la rencontre, la rébellion, s’immiscent. Pour Jafar Panahi et son Taxi Téhéran, il permettait d’ausculter la société à la volée, quand, dans Une femme iranienne de Negar Azarbayjani, il offrait une plongée dans les discriminations politiques, religieuses et sexuelles.

Dans Mon gâteau préféré, ce taxi iranien devient le lieu de la comédie romantique. C’est là que débute la tendre idylle de Mahin, 70 ans, veuve et souffrant terriblement de la solitude, et de Faramarz, vieux chauffeur, tout aussi seul et en quête de tendresse. Une rencontre plus ou moins inopinée (Mahin, la rebelle, n’a plus de temps à perdre), et une soirée forte en rebondissements pour un film au charme fou et à l’humour doux.

Mais, sous ses atours de bluette pour carte Vermeil, Mon gâteau préféré égratigne l’Iran, où le bonheur se paie cash. Les deux cinéastes, Maryam Moghaddam et Behtash Sanaeeha, qui signent ici leur deuxième fiction après Le Pardon en 2021, affirment un propos clair, faussement léger, vraiment puissant. Mais à quel prix? Celui de ne plus pouvoir sortir du pays pour le duo de cinéastes.

Mon gâteau préféré de Maryam Moghaddam et Behtash Sanaeeha ( Arizona, 1h36),  sortie le 5 février