« La Pie voleuse » de Robert Guédiguian : une fable stimulante et engagée

[CRITIQUE] Robert Guédiguian offre une nouvelle variation autour du thriller social à travers l’histoire d’une aide à domicile aux tendances chapardeuses, et préfère – comme souvent – la fable apaisante à la pure tragédie.


"La Pie voleuse" de Robert Guédiguian (c) Agat Films
"La Pie voleuse" de Robert Guédiguian (c) Agat Films

Avec ce vingt-quatrième long métrage en un peu plus de quarante ans, le prolifique Robert Guédiguian revient filmer son cher quartier marseillais de l’Estaque (où il n’avait plus tourné depuis Les Neiges du Kilimandjaro, sorti en 2011) et suit les pas d’une dame d’un certain âge – jouée par Ariane Ascaride –, aide à domicile pour diverses personnes avec qui elle s’entend à merveille.

Toujours entouré de son fidèle casting (Jean-Pierre Darroussin, Gérard Meylan, Grégoire Leprince-Ringuet…), le cinéaste s’adonne à une chronique sociale aux airs mélancoliques qui va patiemment virer vers le thriller. Car l’héroïne a pris l’habitude de voler régulièrement de petites sommes d’argent à ses patients afin de se sentir moins à l’étroit dans son existence et celle de ses proches.

Ce qui engendre des questionnements moraux, mais surtout un intéressant suspense judiciaire quand une plainte s’apprête à être déposée contre cette « pie voleuse ». Le récit se concentre alors sur les enfants des personnages – trentenaires aux comportements ingénus – et sur une sous-intrigue sexuelle – malheureusement pas toujours très crédible. Mais Guédiguian a le chic pour transformer in fine son film en une fable stimulante qui bouscule les idées reçues et continue à dessiner un cinéma politique original et engagé.

La Pie voleuse de Robert Guédiguian, sortie le 29 janvier, Diaphana (1 h 41)