À Rio, en 1971, la famille Paiva habite une vaste maison à deux pas de la plage et vit dans une douce torpeur : les cinq enfants déambulent avec énergie, tandis que leurs parents reçoivent régulièrement leurs amis aux élégants goûts culturels. Mais l’arrière-plan se fait de plus en plus inquiétant.
Le Brésil vit en effet depuis 1964 sous une dictature militaire, et si cette famille d’anciens opposants politiques semble minimiser la violence de cette chape de plomb, tout bascule quand le père est enlevé par des hommes du régime. Son épouse va alors remuer ciel et terre pour retrouver sa trace…
Cinéaste expérimenté de 68 ans, Walter Salles (Central do Brasil, Carnets de voyage) traite frontalement l’époque de la dictature brésilienne – qui n’a pris fin qu’en 1985 – en narrant l’histoire bien réelle des Paiva. Salles a lui-même fréquenté cette famille à la fin des années 1960, et se livre d’abord à une mise en scène sensorielle qui restitue leur joie collective, avant que la sauvagerie de la dictature ne nous plonge dans une atmosphère de cauchemar.
Au cœur de ce terrifiant dédale, le combat intime de la mère de famille (excellente Fernanda Torres) se noue en parallèle de la lente quête de démocratisation du pays. Manière pour cette fresque déchirante de se connecter au présent et à l’actualité d’un fascisme qui menace de revenir.
Je suis toujours là de Walter Salles, StudioCanal (2 h 15), sortie le 15 janvier