Tout un programme d’éveil, d’initiation au sortir de l’enfance, sur l’île d’Hokkaido, que les couleurs du film pour le moins stylisées auraient pu rendre
mièvre. Patinoire comme un sanctuaire aux reflets bleutés, lumière surréelle s’échappant des fenêtres en arrière-plan : la féérie de My Sunshine tourbillonne
bel et bien sur la glace, mais ses élans n’ont rien d’un spectacle innocent.
Quasi huis clos toujours connecté aux angoisses du monde extérieur (vibrations des premiers amours, difficultés à trouver sa voie, homophobie diffuse dans la société japonaise), le second long métrage de Hiroshi Okuyama est un ravissement à feux doux, paisible et tracassé comme il faut, d’autant plus beau qu’il laisse les non-dits infuser et les silences vibrer. Avec, au centre du jeu, des scènes d’entraînement aux airs d’épiphanies et une foule de regards en biais, timides (à travers le rétroviseur d’une voiture, les portes vitrées d’une patinoire, ou de l’autre côté de la rambarde), composant un récit d’apprentissage délicat où la mise en scène tient lieu de langage principal. Ou comment mettre en mouvement la volonté d’un garçon empoté, qui désapprend le hockey pour se rapprocher d’une jeune patineuse inconnue, admirée de trop loin. À 28 ans, Hiroshi Okuyama, par ailleurs coréalisateur de Makanai, dans la cuisine des maiko, minisérie de Hirokazu Kore-eda, avec qui il partage un appétit pour les dynamiques de groupe et les mosaïques de désirs contrariés, est à surveiller de plus près.
My Sunshine de Hiroshi Okuyama, sortie le 25 décembre, Art House (1h30)