À voir sur mk2 Curiosity : Mauvaises Filles, dans l’enfer des maisons de correction

On a voulu les mater, en vain. Placées en maison de correction jusqu’à la fin des années 1970, ces Françaises rebelles, ou simplement incomprises, ont tenu bon. Et n’ont jamais oublié leur histoire.


Mauvaises Filles de Émérance Dubas
Mauvaises Filles de Émérance Dubas © Arizona Distribution

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Le documentaire Mauvaises Filles a pris plus de sept ans à voir le jour. Aussi essentiel soit-il, il s’est heurté à plusieurs refus de financement : le sujet n’intéressait pas particulièrement les producteurs, qui remettaient parfois même en question les paroles des victimes.

Les femmes concernées étaient elles-mêmes hésitantes à partager leurs traumatismes d’enfance sur ce sujet tabou. Le mouvement #Metoo et la libération de la parole des femmes a sûrement aidé à créer un climat plus propice à ces témoignages.

Émérance Dubas, pour son premier et brillant long métrage, dévoile  l’« histoire collective taboue » des habitantes d’Angers. C’est là que se situe la première des maisons « Le Bon Pasteur », congrégation religieuse fondée en 1829 regroupant 350 établissements en Europe et aux États- Unis.

Éveline, Anne-Marie, Marie-Christine, Fabienne, et Édith y ont toutes cinq été placées durant leur enfance ou adolescence. Aujourd’hui, elles se confient devant la caméra réconfortante d’Émérance Dubas. Ces retraitées visiblement paisibles et accomplies racontent leur combat pour surmonter, avec énormément de courage, les horreurs vécues.

Émues, laissant parfois couler quelques larmes malgré leurs efforts pour sourire, elles se rappellent les isolements au cachot, les tentatives de fugue, les cruelles lacunes affectives, les réseaux de prositution à la sortie…

Des lettres, des photos, des magazines, les ruines d’une de ces maisons, nous guident à travers ces témoignages bouleversants. Le montage, plein de tact, est d’une simplicité qui laisse toute la place à l’émotion.

Brisant enfin le tabou, et par là, la solitude de ces femmes, ce film rend possible une guérison au « crépuscule de leurs vies ». Il nous permet d’entendre des récits trop longtemps tus, d’accéder à une partie méconnue de l’histoire française.

Au programme également :

Dans un jardin qu’on dirait éternel (2018)de Tatsushi Omori, on se prend de passion pour l’art du thé. Vivez une expérience zen et bien bouillante en regardant gratuitement ce film où l’immense Kirin Kiki (Les Délices de Tokyo, Still Walking…) s’illustre pour son dernier dernier rôle.

On vous emmène en Kabylie en compagnie du réalisateur brésilien Karim Aïnouz, déjà primé à Cannes pour La vie invisible d’Euridice Gusmaõ, censuré dans son pays. On vous propose gratuitement cette semaine Marin des montagnes, sorti en 2024, dans lequel le cinéaste foule pour la première fois le sol algérien sur les traces intimes et politiques de son père.

Torse nu, bras levé et clope au bec, le Totone à l’affiche du film de Louise Courvoisier Vingt Dieux, sorti hier au ciné, rappelle le drôle de cycliste à l’affiche du film mystère de la semaine.

Une belgitude à la fois délirante et sensible, primée à Cannes en 2009. Cliquez ici pour voir si vous avez trouvé, et regarder le film mystère de la semaine. Si c’est perdu, vous tombez le tee-shirt.