Critique : « Manta Ray » de Phuttiphong Aroonpheng

Choc esthétique, invitation au voyage intérieur: le premier long métrage de Phuttiphong Aroonpheng évoque l’œuvre d’Apichatpong Weerasethakul. Devant Manta Ray, sa forêt envoûtante et sa rivière en forme de barrière, il y a comme une langueur qui nous frappe, une hypnose qui s’accroît à mesure que l’intrigue s’amincit. Ici un pêcheur thaïlandais recueille un homme


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Choc esthétique, invitation au voyage intérieur: le premier long métrage de Phuttiphong Aroonpheng évoque l’œuvre d’Apichatpong Weerasethakul. Devant Manta Ray, sa forêt envoûtante et sa rivière en forme de barrière, il y a comme une langueur qui nous frappe, une hypnose qui s’accroît à mesure que l’intrigue s’amincit. Ici un pêcheur thaïlandais recueille un homme blessé dans les bois puis disparaît sans raison, prélude d’un chassé-croisé qui voit le rescapé mutique prendre la place du sauveur… Si l’on peut lire ce destin cahoteux comme l’allégorie de la souffrance des Rohingyas (minorité musulmane persécutée en Birmanie et contrainte de s’exiler vers les pays limitrophes), le cinéaste thaïlandais ouvre assez de brèches oniriques dans le récit pour écarter toute réponse évidente. Refuge ou lieu de perdition (notamment lors de scènes nocturnes de traques hallucinées), la forêt est surtout un labyrinthe mental dans lequel s’égarent nos songes. C’est grâce au montage de Lee Chatametikool, déjà à l’œuvre sur Tropical Malady et Cemetery of Splendour de Weerasethakul, que les repères temporels deviennent flous et que chaque plan se fait rêverie étirée.

Manta Ray de Phuttiphong Aroonpheng, Jour2fête (1h45), sortie le 24 juillet
Image: Copyright Jour2fête

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