S’écartant du ton comique tordu de ses fictions les plus récentes (P’tit Quinquin, Ma Loute, et même Jeannette. L’enfance de Jeanne d’Arc, dont ce Jeanne est la suite), Bruno Dumont renoue avec plus de solennité et de mystère. Toujours avec la très jeune (11 ans) Lise Leplat Prudhomme, pour qui la guerre semble être un jeu d’enfants, le réalisateur reprend l’histoire de la combattante au moment où celle-ci délivre Orléans, avant de subir sa première défaite à Paris. Elle est alors livrée aux Anglais, et son procès pour sorcellerie s’ouvre à Rouen. Débutant par une longue séquence militaire qui saisit par son sens chorégraphique millimétré, le film s’attache ensuite aux plaidoiries du procès. La petite Jeanne paraît minuscule au milieu de l’enceinte monumentale de l’édifice religieux, mais tient tête aux hommes d’Église avec souffle et hardiesse. Au travers de ce déferlement de paroles ciselées saisi dans une continuité dialoguée inspirée par les écrits de Charles Péguy, et grâce à ses plans toujours habités et à la musique lancinante de Christophe, Dumont sait alors faire entendre la voix intérieure de Jeanne d’Arc.
Jeanne de Bruno Dumont, Les Films du Losange (2h18), sortie le 11 septembre
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