Coup pour coup de Marin Karmitz : « en guerre »

Après Sept jours ailleurs et Camarades, deux fictions imprégnées de l’esprit contestataire de l’époque (l’un a été tourné en 1967, l’autre en 1969), Marin Karmitz, alors militant au sein de la Gauche prolétarienne, imagine pour son troisième long métrage un dispositif qui bouscule les règles de la création cinématographique. Retraçant une grève sauvage dans une


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Après Sept jours ailleurs et Camarades, deux fictions imprégnées de l’esprit contestataire de l’époque (l’un a été tourné en 1967, l’autre en 1969), Marin Karmitz, alors militant au sein de la Gauche prolétarienne, imagine pour son troisième long métrage un dispositif qui bouscule les règles de la création cinématographique. Retraçant une grève sauvage dans une usine de textile, le scénario est bâti à partir des témoignages de dizaines d’ouvrières. Sur le plateau, les actrices prévues au départ sont vite remplacées par d’authentiques travailleuses.

Si l’on peut parler de cinéma d’intervention, l’expression est valable dans les deux sens : l’artiste intervient dans le champ politique, mais les ouvrières interviennent elles-mêmes sur le tournage du film, donnant leur avis sur une scène ou improvisant les dialogues. Cette méthode originale se révèle d’une redoutable efficacité, produisant à l’écran une formidable impression de vitalité. Coup pour coup présente le quotidien aliénant de l’usine, entre brouhaha des machines, brimades des contremaîtres et cadences infernales, avant de faire le récit de la rébellion, qui passe par l’occupation de l’établissement et la séquestration du patron. La caméra se place à la hauteur de ces femmes qui se mettent en mouvement, les accompagne dans leurs actions et leurs débats, se fait le témoin de leur colère comme de leur joie.

Car la dureté du conflit n’empêche pas les moments d’allégresse pour ces combattantes en route vers l’émancipation, qui chantent en chœur le ras-le-bol de leur condition (« Quand on rentre à la maison / Le mari remplace le patron »). À sa sortie en 1972, ce film en forme d’appel à la révolte face à toutes les formes de pouvoir (y compris celui des syndicats) peine à être distribué dans le circuit traditionnel. « C’est aussi par cette expérience que j’ai pris la mesure de l’importance de l’exploitation des salles de cinéma », raconte Karmitz dans le livre Comédies (Fayard, 2016). Il ouvrira en 1974 sa première salle à Paris, le 14-Juillet Bastille, renommé en 1998 mk2 Bastille.

: de Marin Karmitz
mk2 (1 h 29)
Sortie le 16 mai