Vu au Festival de Pingyao (PYIFF) en Chine : « Un été à Changsha » de Zu Feng

On s’est rendus à Pingyao, dans le Shanxi, à la troisième édition du PYIFF, festival créé en 2017 par le réalisateur Jia Zhang-ke (A Touch Of Sin, Les Éternels) dans la cité ancienne et cerclée de remparts où il avait tourné quelques séquences de son film Platform (2000). Porté par la direction artistique de Marco


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On s’est rendus à Pingyao, dans le Shanxi, à la troisième édition du PYIFF, festival créé en 2017 par le réalisateur Jia Zhang-ke (A Touch Of Sin, Les Éternels) dans la cité ancienne et cerclée de remparts où il avait tourné quelques séquences de son film Platform (2000). Porté par la direction artistique de Marco Müller, l’évènement se donne pour but de faire connaître les jeunes talents du cinéma chinois aux yeux du monde comme de montrer une vaste sélection du cinéma d’auteur international au public local, venu en masse et composé de beaucoup d’étudiants chinois. Toute la semaine, on vous dévoile une sélection de films qui ont attisé notre curiosité. Aujourd’hui, Summer Of Changsha de Zu Feng.

Dans la province du Hunan, aux alentours de la ville de Changsha, le detective A Bin, endeuillé après le suicide de sa compagne, enquête sur la disparition de Li Xue, une docteure qui a elle-même perdu sa fille dans des circonstances troubles… Du simple film d’enquête au psychodrame, ce film tourmenté étonne par sa manière de rendre faillibles des figures d’autorité, un policier dépressif, une médecin brisée, comme si les institutions garantes d’un certain ordre étaient gagnées par la désespérance. Isolés dans leur tristesse (A Bin est souvent filmé à l’écart, se détachant de son groupe de flics, Li Xue a le visage constamment fermé), les deux solitaires vont développer un sentiment d’identification l’un pour l’autre, et on pressent alors la possibilité d’un lien dans un monde dépeint comme absurde et sinistre. Mais Zu Feng, dont c’est le premier long métrage et qui joue le rôle d’A Bin, anéantit vite cette lueur d’optimisme : les refuges (antidépresseurs, religion…) par lesquels les personnages tentent de se sauver ne sont qu’illusions. Dans une scène bien plombante du film, un parent interdit à son enfant de dévisager A Bin en train de vomir, mais le gamin ne peut s’empêcher de lui jeter un regard furtif. Il incarne la volonté du cinéaste de se confronter à la noirceur pure sans nous en protéger.

Image: Copyright Damned Distribution

de Zu Feng
Damned Distribution (1h55)
Sortie en France le 4 décembre