Chloé Zhao retrouve les grands espaces américains de son premier film (Les Chansons que mes frères m’ont apprises, 2015) pour une virée dans le monde du rodéo. On y voit la face sombre et mélancolique de la discipline, à travers le chemin de croix de Brady, un jeune cow-boy, membre de la tribu sioux des Brûlés, gravement blessé lors d’une chute de cheval. Comment se réinventer lorsque l’on perd tout ce qui constituait notre ADN ? Brady semble dans une impasse, peu aidé par un environnement familial difficile, entre un père endeuillé, qui noie son maigre pécule dans le jeu et l’alcool, et une sœur souffrant du syndrome d’Asperger. Quant à ses amis de rodéo, trop fringant pour ne pas le rendre jaloux, ou trop délabré (Lane, paralysé) pour ne pas le démoraliser, ils le renvoient malgré eux à son malheur du simple fait de leur état de santé. Le pathos guette, mais la cinéaste chinoise n’y cède pas. Sa manière à la fois onirique et documentaire de décrire des situations bien réelles, vécues par des cow-boys indiens d’une réserve du Dakota (qui jouent ici leur propre rôle), confère à ce récit de résilience une fragilité bouleversante.
: de Chloé Zhao
Les Films du Losange (1 h 45)
Sortie le 28 mars