Des garçons orphelins taciturnes au passé violent avancent comme des fantômes dans un monde qui les a bannis. Menés par une femme dont on ne sait si elle est une guerrière ou une déesse, ils recréent un cocon aimant et errent de pavillons en villas de fortune abandonnés, alors que de redoutables drones tueurs les pourchassent… On est tentés de penser que, ce qui s’incarne à travers cette tribu de nouveaux outsiders (on pense à ceux filmés par Coppola en 1983 qui, comme les gamins de Poggi et Vinel, évoluaient dans un univers d’artifice tout en étouffant leur rage pure et sincère), c’est ce monde enveloppant de la candeur, de l’aventure et du chill, un refuge duquel une vie adulte morose chercherait toujours à vous débusquer. C’est pourquoi, malgré sa faculté à projeter un sentiment générationnel (de ceux qui ont connu la sonnerie qui rame des modems 56k à ceux qui se transforment à coups de filtres Snapchat), Jessica Forever parlera aussi aux plus vieux – ceux qui ne sont pas encore totalement rentrés dans le rang.
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Jessica Forever de Caroline Poggi et Jonathan Vinel (Le Pacte, 1h37). Sortie le 1er mai