Avec cette sixième collaboration, le duo Ferrara/Dafoe nous promet un long voyage terrestre et psyché sous forme de quête existentielle…
Le réalisateur de Bad Lieutenant (1992) et l’interprète du Bouffon Vert dans la trilogie Spider-Man de Sam Raimi ne se quittent plus. Après le tout récent Tomasso (notre critique est à lire ici), ils s’associent une nouvelle fois pour Siberia, dont la bande-annonce élégiaque vient d’être dévoilée à l’occasion de la 70e édition de la Berlinale , où il est présenté en sélection officielle.
On y découvre Willem Dafoe en nomade solitaire parcourant des paysages enneigés, les dunes arides d’un désert, au cours d’un long périple qui est aussi une errance mentale. Entre décors majestueux, usage de surimpressions – où images de la galaxie et visages se superposent – et pérégrination intimiste, le prochain film d’Abel Ferrara donne l’impression d’une rencontre improbable (mais pas tant que ça…) entre le cinéma de David Lynch – pour l’atmosphère ésotérique – et celui de Werner Herzog – pour la quête naturaliste et métaphysique. Siberia semble ainsi confirmer un renouveau dans le cinéma de Ferrara : depuis quelques temps, le cinéaste new-yorkais s’éloigne des films crus et réalistes ayant fait sa renommée pour se tourner vers une forme de sagesse.
Histoire de vous convaincre que ce retour d’Abel Ferra risque d’être aussi ambitieux que stimulant, on conclura sur les mots poétiques du communiqué officiel du Festival de Berlin: « Dans l’histoire du cinéma, il y a eu de nombreuses tentatives pour dépeindre le mythique comme quelque chose d’intime, et le radical comme un parcours personnel. Mais il n’y a qu’un seul artiste qui soit aussi sauvagement anarchiste, métaphysiquement mystérieux, et en même temps obsédé par Dieu et fanatique de la vérité : Abel Ferrara, s’associant ici encore avec son alter ego acteur, Willem Dafoe. Alors que son précédent film Tommaso explorait la manière dont le désir se joue dans les familles, en Sibérie, l’ego (masculin) abandonne tout semblant de vie quotidienne dans un montage tumultueux. Pour s’exposer et se découvrir. »
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Image : Capture YouTube
Esteban Jimenez