Philippe Halsman nous étonne toujours

« Étonnez-moi ! » aurait répondu Serge de Diaghi-lev, grand promoteur de l’art russe au début du xxe siècle, à Jean Cocteau, qui lui demandait comment travailler pour lui. Une devise que Philippe Halsman, qui collabora également avec Cocteau, avait faite sienne, en veillant toujours à repousser les limites de son art, fil tendu entre la photographie et le cinéma.


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« Étonnez-moi ! » aurait répondu Serge de Diaghi-lev, grand promoteur de l’art russe au début du xxe siècle, à Jean Cocteau, qui lui demandait comment travailler pour lui. Une devise que Philippe Halsman, qui collabora également avec Cocteau, avait faite sienne, en veillant toujours à repousser les limites de son art, fil tendu entre la photographie et le cinéma. Avec près de trois cents images et documents de travail (photomontages, épreuves…), la rétrospective du Jeu de Paume choisit, aux côtés d’œuvres emblématiques, de s’intéresser à des clichés méconnus et « d’effectuer une relecture de l’œuvre d’un photographe dont on connaît tous le travail, mais pas le nom », comme le souligne la conservatrice Anne Lacoste.

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Stakhanoviste aux mille casquettes, Philippe Halsman (1906-1979) mène pendant quarante ans une carrière fulgurante, de ses débuts à Paris jusqu’à l’impressionnant succès de son studio new-yorkais entre 1940 et 1970. Quatre espaces s’intéressent aux grands mouvements qui ont dessiné sa carrière – Paris, années 1930 ; Portraits ; Mises en scène ; et Halsman/Dalí – et proposent à chaque fois un focus pour mieux comprendre la genèse des idées du photographe. « Les archives nous ont permis de découvrir que tout était déjà là dans ses premiers travaux institutionnels. Le côté expérimental, l’idée de narration au fil des photographies… Pour l’exposition, nous avons voulu suivre son processus créatif, l’évolution de sa pratique. »

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COMPLÈTEMENT DÉJANTÉ

Si le Français s’intéresse aux effets de la lumière et du cadrage à Paris, c’est à New York qu’il s’essaye à une approche photographique délestée d’effets. Il devient le photographe attitré des couvertures du magazine Life et capture les humeurs des icônes de son temps : Marilyn Monroe, Alfred Hitchcock, Albert Einstein… Halsman se plaît à dire que ses portraits sont « psychologiques » et privilégie des séances de pose de courte durée dans un cadre intimiste pour mieux cerner la personnalité de son sujet et le mettre en valeur. Au fil des fameuses séries de jumpology – qui font ressentir la spontanéité et le naturel du modèle – et des mises en scènes très élaborées qu’il préparait avec Salvador Dalí, on distingue une maîtrise inouïe de la technique et un sens de l’humour complètement déjanté. Imprégné par ses rencontres avec les personnalités du spectacle, il invente de courts scénarios composés d’une suite d’images narratives sur le modèle d’un film. Comme pour nous rappeler la capacité de la photographie à parcourir tous les arts et à les réinventer.

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