La singularité de cette chronique belgo-poitevine ne s’arrête pas à sa redéfinition du syndrome de Stockholm. Par sa façon d’immerger la fiction dans le réel, Braquer Poitiers fascine autant qu’il amuse.
Deux bandits à la petite semaine décident de séquestrer Wilfrid, un propriétaire de stations de lavage de voitures, afin de lui extorquer des fonds. Loin de résister, celui-ci les accueille chez lui à bras ouverts, sans intention de s’enfuir. Entièrement improvisé, le film du Belge Claude Schmitz ressemble moins à une comédie noire qu’à un récit de vacances : baignades, repas qui s’éternisent, visites touristiques… La vie serait presque un long fleuve tranquille s’il n’y avait la personnalité débordante de Wilfrid, adepte des monologues extatiques, et le manque de conscience professionnelle des voyous, heureusement épaulés par deux jeunes femmes venues leur rendre visite. Le tout forme un portrait de groupe faussement décontracté, dans lequel les tensions sont légion et le flottement est roi. Schmitz, c’est Kervern et Delépine sans le vitriol, mais avec la même science du timing, le même amour des gens. Le films est en réalité un double programme : aux 59 minutes de Braquer Poitiers s’ajoute un documentaire de 26 minutes, Wilfrid, où ce ne sont plus les personnages mais leurs interprètes qui se retrouvent pour consolider les liens créés sur le tournage. Un complément idéal, différent mais aussi atypique.
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Braquer Poitiers de Claude Schmitz, Les Bookmakers / Capricci Films (1 h 25), sortie le 23 octobre
Image : Braquer Poitiers de Claude Schmitz