Point d’étape de notre concours de courts métrages confinés, dont le ou la grand(e) gagnant(e) sera annoncé(e) le 5 juin : on vous livre aujourd’hui notre top 5 des jeunes cinéastes qu’on y a découverts, à suivre absolument.
Depuis le lancement de notre concours, on a reçu une déferlante de courts métrages confinés : 550 en tout. Agréable surprise : autant de films réalisés par des hommes que par des femmes, des cinéastes de tous âges et de tous niveaux (novices, amateurs ou confirmés) voire des familles à l’unisson.
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Parmi la richesse et la qualité des films reçus, et alors qu’il nous reste encore beaucoup de films à visionner, voici une première sélection de cinq jeunes talents à suivre. On parie qu’on entendra parler d’eux dans les années à venir. On a soumis à chacun un petit questionnaire pour en savoir plus sur eux et sur leurs aspirations.
Camille Schnirer, 17 ans, réalisatrice de Hors tournage
Que faites-vous dans la vie ?
Je suis en terminale scientifique au lycée Turgot à Paris. J’ai de la chance de faire l’option cinéma audiovisuel avec une très bonne professeure de cinéma. Si j’obtiens mon bac en fin d’année j’aimerais intégrer la Fac de paris 8 en licence cinéma, si la liste d’attente se réduit. Sinon en général dans la vie, j’aime voir mes amies, aller au cinéma et me promener dans Paris. J’adore les documentaires et me promener dans les rues, observer les gens, observer les scènes publiques me donne de l’inspiration pour des histoires ou des scénarios.
Comment résumeriez-vous votre film ?
J’ai filmé des moments de la journée de ma mère que je trouvais drôle, en caméra cachée mais avec son consentement bien sûr. J’ai par exemple pour inspiration l’émission Striptease ou encore Pater d’Alain Cavalier. Ma mère a été toute mon inspiration pour ce film, je la remercie d’être comme ça.
Vous aviez déjà réalisé un film avant ?
Oui, dans le cadre de l’option cinéma j’ai réalisé deux courts métrages l’année dernière avec certains de mes camarades. Cette année j’ai dû réaliser un documentaire au marché de Barbès pour mon projet de bac. Donc j’avais des petites bases dans la réalisation.
Quels sont vos trois films préférés ?
Trois films c’est peu, même si j’ai une culture cinématographique exclusivement contemporaine, du coup je mettrais
Shéhérazade de Jean-Bernard Marlin, pour son réalisme d’un amour passionnel entre deux adolescents dans le milieu de la prostitution. Only Lovers Left Alive de Jim Jarmush pour son renouvellement moins cliché des vampires au cinéma dans une ambiance très rock’n’roll. Climax de Gaspard Noé pour son huis clos très surprenant mêlant la danse et la musique électro dans une atmosphère assez gore.
Si vous deviez réaliser un premier long métrage, ce serait quoi ?
Dans une région déshéritée du nord de la France, un père et sa fille adolescente n’ont jamais vu la mer. Elle décide donc d’arrêter ses études et de tout mettre en œuvre pour leur permettre de réaliser leur rêve… Ce film pourrait être réalisé avec des acteurs non professionnels, sous la forme d’une comédie dramatique.
Louise Fauroux, 21 ans, réalisatrice de This is How the World Ends
Que faites-vous dans la vie ?
Je suis étudiante à l’EnsAD (École nationale supérieure des arts décoratifs de Paris), je suis photographe, je participe à des tournages et je fais des films. Je travaille régulièrement à Los Angeles, et cette ville est une source d’inspiration majeure pour mon travail. On y trouve cette dualité paradis/enfer, utopie/dystopie avec laquelle je joue, notamment dans ce film This Is How The World Ends qui est une dystopie sarcastique à apparence idéale.
Je m’inspire beaucoup de la science-fiction comme City of Quartz, LA capitale du futur, l’ouvrage de Mike Davis dans lequel il met en exergue la privatisation des espaces publics, la virtualité de l’avenir social et urbain, la polarisation sociale et bien d’autres tendances de la société américanisée qui est aussi la nôtre. C’est ce que je tente d’explorer en incluant dans le film Bill Gates, Kim Kardashian, les géants de la distribution cinématographique et télévisuelle, les réseaux sociaux, etc.. qui font partie de notre paysage – pour tous.tes celles et ceux qui côtoient internet – surtout lorsqu’on reste chez soi et que ces interfaces deviennent nos fenêtres vers le monde. J’y ai également semé des références à 1984 de George Orwell, qui me semble être d’actualité.
Comment résumeriez-vous votre film ?
Après l’apparition d’un virus mortel qui rend la vie sur Terre insoutenable, une société propose une prestation – pour un beau cachet – qui consiste à abandonner son corps terrestre pour continuer de vivre à travers une réalité virtuelle. Nous y suivons Ana, qui a fait le choix d’être digitalisée dans ce nouveau monde “Beyond Beyond” dans lequel elle garde son identité, ses souvenirs et où elle rejoint certains de ses proches.
Les premiers temps du confinement ont donné lieu à des comportements inédits, puisque contexte inédit, essentiellement survivalistes, parfois surréalistes mais créatifs : des drives pour se confesser, du porno Coronavirus, des combinaisons d’astronaute pour promener son chien, etc. Je n’émets pas de jugement à l’égard de ces évènements, j’en parle car ils m’ont donné matière à réflexion, inspiration. L’enjeu pour moi du contexte et du concours, c’était de créer une histoire avec presque rien, dans une économie de moyens ; de ce fait j’ai utilisé ces interactions grâce à des archives médiatiques et d’internet, des archives personnelles et des prises sur le réel.
J’ai tenté de lier, à travers cette histoire, des contenus de nature différente. Will Wright a crée les Sims après que sa maison ait été détruite par une catastrophe naturelle, questionnant la valeur d’accomplissement délivrée par la possession matérielle. L’imaginaire de la banlieue américaine est un espace dans lequel le cinéma a pu proposer un modèle, un rêve, un fantasme. Ce qui m’intéressait aussi, comme voulu par Will Wright, le créateur des Sims, c’est la faculté de pouvoir se déporter complètement vers la fiction, le virtuel, en oubliant sa vie et son contexte à soi. Et ensuite, quelle place cette réalité prend-elle dans notre espace mental, dans la perception de notre réalité ?
L’avez-vous réalisé seule ? Sinon, avec qui ?
J’ai réalisé ce film plus ou moins seule, ma sœur experte en Sims m’a aidée a élaborer les personnages au plus réaliste. Sinon, j’ai filmé, enregistré, généré en 3D, monté depuis des banques de son et d’image. J’ai filmé ma copine, le personnage principal, avec qui je suis confinée.
Quels sont vos trois films préférés ?
En ce moment je dirais Body Double de Brian de Palma, News From Home de Chantal Ackerman et Nowhere de Gregg Araki.
Si vous deviez réaliser un long métrage, ça serait quoi ?
Ce serait sur des actrices et acteurs de l’époque du muet à Hollywood réincarnés afin de faire un remake contemporain d’un de leur film de l’époque. Je viens d’ailleurs de finir de l’écrire !
Valentin Chetelat, 29 ans, réalisateur de Merveille
Que faites-vous dans la vie ?
Je suis cuistot-réal. Après des études dans l’audiovisuel et des expériences dans la publicité, je suis à présent devenu cuisinier et tente de conjuguer mes deux passions que sont la confection de films et la confection de plats.
Comment résumeriez-vous votre film ?
Il s’agit d’une plongée dans le quotidien d’un individu qui, voulant juste aller au supermarché acheter du papier, va faire une rencontre inopinée qui bouleversera sa journée à tout jamais.
Vous aviez déjà réalisé un film avant ?
J’ai réalisé quelques courts-métrages auto-produits avec le collectif Zombitch que j’ai créé il y a quelques années avec 3 amis.
Elisa Marcant, 23 ans, réalisatrice de Six fois rien
Que faites-vous dans la vie ?
Je suis étudiante en première année de cinéma. Avant ça, j’ai validé une licence d’histoire de l’art.
Comment résumeriez-vous votre film ?
Six fois rien présente de modestes chroniques de confinement. Sous un forme chaleureuse et joviale, on y voit la complexité de cette période dans le cadre d’une vie collective. Les manies de chacun et chacune présentées dans le film montrent l’exacerbation des sentiments et le manque de patience. Le tout volontairement traité avec une forme légère, dans l’envie de dédramatiser la situation via la création.
Vous aviez déjà réalisé un film avant ?
Oui, mais la pratique cinématographique est pour moi relativement récente.
L’avez-vous réalisé seule ?
Je l’ai réalisé seule mais la participation des différents « protagonistes » était riche. Zhaopeng, le chef opérateur du film, a notamment été très important dans la forme que nous avons donnée à l’image du film.
Quels sont vos trois films préférés ?
C’est difficile de répondre à cette question, mais si je devais citer trois films : L’Homme sans passé d’Aki Kaurismaki, Asphalte de Samuel Benchetrit et Portrait de la jeune fille en feu de Céline Sciamma.
Si vous deviez réaliser un long métrage, ça serait quoi le pitch ?
Si on m’en donnait l’opportunité, je pense que j’essayerais d’adapter le scénario d’un court métrage : Louis, un vieil homme retraité, erre dans son appartement, dans un quotidien rempli de rituels qui meublent le vide et sa solitude dévorante. De temps à autre, il parle à une personne qui semble être dans l’appartement. Soudainement, un sursaut de lucidité le prend : il est seul, et sa femme à qui il pensait s’adresser est bien morte depuis plusieurs années. Dès lors, il engage un combat contre sa propre démence en tentant de se convaincre de l’existence de Marguerite. Des tentatives qui n’auront pour finalité que de l’enfoncer dans sa folie macabre.
Gabriel Ariñ Pillot, 30 ans, coréalisateur de Troll
Que faites-vous dans la vie ?
Je suis auteur-réalisateur depuis une dizaine d’années. J’ai travaillé comme technicien dans le cinéma (The Artist, Populaire, Cherchez Hortense…) J’ai monté une société de production il y a 7 ans, réalisé des programmes pour France Télévisions, des clients privés et publics. Actuellement je partage mon temps entre l’écriture de scénarios et la réalisation d’un programme de curiosité scientifique pour les jeunes : ScienceLoop.
Comment résumeriez-vous votre film ?
Le paradis, c’est l’enfer.
Vous aviez déjà réalisé un film avant ?
J’ai écrit et réalisé deux long-métrages autoproduits, plusieurs courts métrages primés en festivals, beaucoup de sketches pour internet et le clip Evier Métal pour le groupe Ultra Vomit qui a 3 millions de vues sur Youtube.
L’avez-vous réalisé seul ? Sinon, avec qui ?
Ce film a été coécrit et coréalisé avec le chef opérateur Romain Dubois, mon complice depuis quelques années. Nous avons entre autre tourné une série de 10 clips qui forment un film lorsqu’ils sont mis bout-à-bout : l’Industrie du Futur, qui sera diffusé sur internet en septembre 2020.
Quels sont vos trois films préférés ?
Choix cornélien... Victoria de Sebastian Schipper, un tournant dans le cinéma. Après ce film, on n’a plus le droit de faire du cinéma feignant avec des millions. Behind the Scenes of Lord of the Rings de Costa Botes, c’est le making of fleuve le plus saisissant de la trilogie la plus gigantesque du cinéma fantastique, une leçon à chaque seconde. Astérix et Obélix : Mission Cléopâtre d’Alain Chabat, une véritable comédie qui reste hilarante même 20 ans plus tard. Un joyau du cinéma français.
Si vous deviez réaliser un long métrage, ça serait quoi le pitch ?
J’ai écrit la première version d’un long-métrage de comédie dont le pitch est :Ocean’s Eleven n’a qu’à bien se tenir : c’est le casse du siècle… En fauteuil roulant.
Image de couverture : capture du film This is How the World Ends