Collateral de Michael Mann

Dans une rame de métro déserte, Vincent (Tom Cruise), tueur à gages exsangue, affronte Max (Jamie Foxx), le chauffeur de taxi qui l’a accompagné toute la nuit. La séquence se construit autour de deux face-à-face consécutifs. Filmé dans l’obscurité, le premier est un duel tonitruant sur lequel plane l’ombre du western ; le second, une


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Dans une rame de métro déserte, Vincent (Tom Cruise), tueur à gages exsangue, affronte Max (Jamie Foxx), le chauffeur de taxi qui l’a accompagné toute la nuit. La séquence se construit autour de deux face-à-face consécutifs. Filmé dans l’obscurité, le premier est un duel tonitruant sur lequel plane l’ombre du western ; le second, une conversation au cours de laquelle Vincent, touché au poumon, raconte à Max l’histoire d’un homme qui comme lui meurt dans le métro. Michael Mann travaille ici le motif roi du classicisme hollywoodien, le champ-contrechamp, pour en révéler l’ambiguïté : les deux hommes ne sont jamais ensemble à l’image, mais ils sont liés par des raccords regard asymétriques, façon pour le réalisateur d’isoler progressivement Vincent. Les points de vue se répondent, jusqu’au surgissement d’un plan anonyme qu’aucun regard ne vient naturaliser : l’image de la mort de Vincent, cadrée en contre-plongée, l’angle traditionnel selon lequel étaient filmées les légendes du cinéma classique américain. Le wagon du métro, avec ses teintes bleues et grises, devient alors un tombeau, une chambre froide gardienne de la mémoire d’un héros défait, dont Collateral semble avoir été la dernière croisade.