Connaissons-nous réellement nos enfants ? Avec La Fille au bracelet, film de procès impliquant une jeune fille accusée du meurtre de sa meilleure amie, Stéphane Demoustier interroge le regard souvent déconcerté des parents face au comportement et à la psyché de leur progéniture.
Quels films de procès vous ont inspiré ?
Même si sa pureté le rend inaccessible, le Procès de Jeanne d’Arc de Robert Bresson nous a servi de référence esthétique, pour sa façon de filmer les visages. Dans un registre plus dramaturgique, Le Procès de Vivian Amsalem de Ronit et Shlomi Elkabetz m’avait conforté dans la conviction qu’un film pouvait reposer quasi exclusivement sur des dépositions.
Avez-vous tourné dans un véritable tribunal ?
C’est une vraie salle de cour d’assises qui se trouve à Nantes et à laquelle nous n’avons rien touché : sa contemporanéité convenait en effet à la sobriété avec laquelle je voulais traiter cette histoire. L’idée était de s’éloigner du traditionnel imaginaire solennel du tribunal, avec les moulures, les boiseries, etc.
Vous êtes-vous demandé si votre personnage était coupable ?
Je me suis toujours mis au même niveau que les parents, qui n’ont pas accès à la vérité primaire. Je suis comme eux, et comme les spectateurs : j’ai mon point de vue, mais je ne sais pas. Et quand la comédienne est venue me demander, très légitimement, ce qu’il en était, je lui ai dit que c’était à elle de décider – mais qu’elle ne devait jamais me faire part de son choix.
La fille au bracelet de Stéphane Demoustier, Le Pacte (1 h 36), sortie le 12 février
Copyright Mathieu Ponchel/ D.R