En 2018, le documentariste Nicolas Philibert s’intéressait à la vocation intense d’étudiant(e)s au sein d’un Institut de Formation en Soins Infirmiers. Un portrait juste et apaisé d’une jeunesse française contemporaine, à revoir ce soir à 22h55 sur France 3.
Du Pays des sourds (1992) à La Maison de la radio (2012), Nicolas Philibert s’est toujours intéressé à l’une des activités humaines les plus essentielles et mystérieuses qui existe : la transmission (d’un savoir, d’une émotion, d’une idée). Elle est plus que jamais au centre de son nouveau documentaire, qui suit le parcours d’un groupe d’étudiantes et étudiants infirmiers (les garçons sont minoritaires) admis au sein d’un institut de formation de Montreuil. Tout au long de leur apprentissage, les élèves sont confrontés à une infinité de questions, des plus concrètes (comment planter une seringue ou enlever un plâtre) aux plus impalpables (comment accompagner un patient dans ses derniers moments). D’une lumineuse simplicité, le découpage en trois parties (les cours théoriques et pratiques, les débuts en milieu hospitalier, l’entretien d’après-stage) produit constamment du sens et de l’émotion.
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Dans le premier segment, la caméra discrète et attentive de Philibert capte les regards encourageants et les sourires gênés lors des exercices collectifs. Les scènes de groupe laissent ensuite place au face-à-face entre les infirmiers novices et leurs premiers patients, soit la rencontre de deux formes de vulnérabilité, filmée avec une grande délicatesse. Le dernier temps du récit est le plus introspectif, chaque élève tirant le bilan de son expérience en présence d’un formateur bienveillant. Brossant au passage un portrait apaisé de la jeunesse française de 2018 (un piercing ici, un voile là), Philibert pointe aussi, sans dénonciation tapageuse (pas vraiment le genre de la maison), un certain malaise social, au détour d’une discussion sur le manque de personnel ou du récit d’une stagiaire contrainte de cumuler deux emplois pour gagner sa vie. Au-delà de l’hommage à une profession en manque de reconnaissance (Philibert a d’ailleurs eu l’idée du film après avoir lui-même séjourné dans un hôpital), ce documentaire, modeste en apparence, ne célèbre rien moins que la puissance de la parole et la beauté du geste.