À travers sa magnifique filmographie (dont le bouleversant drame carcéral Papillon de Franklin J. Schaffner, 1973), Steve McQueen a toujours montré un attrait pour l’adrénaline et les scènes d’actions rocambolesques. On se souvient de sa folle fuite en moto (une Triumph Trophy TR6) pour échapper aux nazis dans l’exaltant La Grande Évasion de John Sturges (1963) ou de ses courses poursuites ahurissantes en Ford Mustang à travers les rues pentues de San Francisco dans Bullitt de Peter Yates (1968).
À l’apogée de sa carrière, il décide de consacrer tout un film à sa passion pour le sport automobile. Alors qu’il réalise lui-même la plupart de ses cascades, Le Mans lui donne l’occasion de piloter à toute allure de puissants bolides de compétition. Pour se préparer au rôle, l’acteur participe même aux 12 Heures de Sebring en mars 1970, et décroche la seconde place sur le podium.
Dans cette archive, Steve McQueen semble jouer sur plusieurs tableaux : star démiurge – à la fois producteur et acteur – affublé de lunettes de soleil, le comédien s’impose comme l’idole de la compétition (un coureur loue d’ailleurs ses qualités indéniables de pilote), mais également comme un control freak absolu, soucieux du moindre aspect technique du film. On le voit même plonger son regard dans l’œilleton de la caméra, la voix off du journaliste déclarant : « Quand c’est bon pour tout le monde, pour McQueen, il faut recommencer « . Derrière cette carapace solide, Steve McQueen est tout de même conscient des risques de la course automobile et se montre modeste vis-à-vis de ses capacités : « Je suis un très mauvais conducteur et je pense que la course, c’est vraiment trop dangereux. »
À l’arrivée, un film assez bancal, le tournage ayant subi les aléas d’une production alambiquée (le film devait être réalisé par John Sturges avant qu’il soit remplacé par le « faiseur » Lee H. Katzin) mais néanmoins fascinant, plus proche du documentaire que de la fiction.
Esteban Jimenez
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