L’archive du déjeuner : Quand Derek Jarman parlait de ses débuts en super 8

Bonne nouvelle : on apprend aujourd’hui que la campagne crowfunding dédiée à sauvegarder le jardin du défunt cinéaste britannique Derek Jarman (Sebastiane, Jubilee), menacé de disparaître, a porté ses fruits. Pour fêter ça, on ressort une archive dans laquelle on voit le réalisateur dans ce lieu, s’exprimant sur ses débuts en super 8. En 1986,


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Bonne nouvelle : on apprend aujourd’hui que la campagne crowfunding dédiée à sauvegarder le jardin du défunt cinéaste britannique Derek Jarman (Sebastiane, Jubilee), menacé de disparaître, a porté ses fruits. Pour fêter ça, on ressort une archive dans laquelle on voit le réalisateur dans ce lieu, s’exprimant sur ses débuts en super 8.

En 1986, juste après avoir appris sa séropositivité, le réalisateur emblématique du cinéma queer anglais a acheté une parcelle de terre désolée à Dungeness, dans le Kent, tout près d’une imposante centrale nucléaire, et située à côté de la mer. Jusqu’à sa mort en 1994, il a considéré ce lieu autant comme son atelier que comme son œuvre ultime, un jardin bariolé fait de bric et de broc et florissant malgré une terre peu fertile, symbole de vie par-delà la mort.

Lieu de mémoire pour les fans du cinéaste, souvent visité par les amateurs de jardins du monde entier, le « Prospect Cottage », comme Jarman l’a dénommé, a été méticuleusement entretenu après sa mort par son compagnon Keith Collins, lui-même décédé en 2018. Après la disparition de Collins, le jardin était menacé de vente… Jusqu’à ce qu’une campagne de crowfunding, menée par par Tilda Swinton, amie chère du cinéaste qui a révélé la comédienne dans Caravaggio en 1986, lève plus de 3,5 millions de livres afin de le préserver.

On est donc rassurés d’apprendre qu’on pourra un jour nous aussi découvrir cet espace que Jarman a plusieurs fois filmé (dans The Garden notamment) et a surtout immortalisé dans son livre poétique en forme de carnet de bord de jardinier, Un dernier jardin, paru de façon posthume en 1995.

En attendant, on peut le voir ici dans ce reportage de la BBC diffusé en 1994 : attablé à son bureau devant une fenêtre donnant sur l’éclatante végétation, Jarman écrit. En voix off, il s’exprime sur ses débuts en super 8 dans les années 1970-1980, alors qu’il n’était que peintre et décorateur, notamment pour Les Diables de Ken Russell (1971).

S’il a par la suite investi le 35mm avec un regard très pictural, très maniériste (Caravaggio, Edward 2), ses quelques courts expérimentaux en super 8 (At Low Tide en 1972, Pirate Tape en 1982), avec une esthétique moins léchée, lui ont permis, dit-il, de se rattacher à l’innocence des films amateurs de son propre père (on y voit Jarman enfant, en couleurs, arroser des plantes, déjà) autant qu’à la veine DIY des films américains underground de Kenneth Anger ou d’Andy Warhol, qui l’ont influencés. Une archive qui révèle qu’à la fin de sa vie, Jarman avait une certaine tendresse pour la candeur et l’intimité de ses œuvres de jeunesse.

Image de couverture : Derek Jarman at Prospect Cottage, Dungeness, c. 1989-1991 © Geraint Lewis