Comment vous est venue l’idée d’exercer le métier d’humoriste ?
C’est un métier qui n’est pas courant, que l’on ne te propose pas à l’école. Moi, à 8 ans, j’ai commencé à écrire des sketches auxquels je forçais mon cousin à participer. On faisait même payer l’entrée de la chambre à la famille pour assister au spectacle. Écrire, c’est un truc qui était en moi depuis très longtemps, même si je ne connaissais pas encore le mot « humoriste ».
C’est quoi au juste, le stand-up ?
Dans la musique, tu as plusieurs styles : le jazz, le rap, le rock… Eh bien dans l’humour, c’est pareil : tu as par exemple le one-man-show, le mime, le stand-up… Ce qui caractérise le stand-up, c’est que, sur scène, on parle toujours en tant que soi, pas en incarnant un personnage.
Vos sketches s’inspirent toujours de votre vie personnelle ?
Pas forcément, mais c’est vrai que je parle beaucoup de moi dans ce spectacle, parce que, dans la société dans laquelle on vit aujourd’hui, ce que je représente en tant que femme noire, lesbienne, avec des locks, ça peut poser des problèmes… et moi, je veux montrer, de par mon expérience et ma vie, que tout va bien.
Vous écrivez tous les jours ?
J’essaie, mais je suis aussi productrice, alors des fois je fais des comptes, et après je n’ai plus envie de faire des blagues. Mais quand je joue, j’écris toujours un peu avant de monter sur scène, j’aime bien venir avec quelques petits trucs nouveaux chaque soir.
Donc ton spectacle n’est jamais le même ?
Non, le stand-up, c’est comme un sport, il faut s’entraîner. J’ai fait beaucoup de basket : à l’entraînement, on fait des pompes, mais pendant un match on ne fait jamais de pompes ; en revanche, elles vont nous servir pour le shoot et la force du bras. Eh bien, pour
le stand-up, l’important c’est de jouer, sans forcément répéter toujours le même texte. Perdre la fraîcheur, c’est l’inverse du stand-up.
Vous n’avez jamais peur de faire un flop quand vous lancez une blague ?
Avant, j’avais vraiment peur, parce que j’écrivais des blagues qui n’étaient que des blagues, je n’avais rien d’autre à défendre derrière. Dans ce spectacle, mes blagues racontent quelque chose, alors même s’il y en a une qui ne marche pas, ce n’est pas dramatique, j’ai quand même fait passer un message, et ça, c’est important.
Est-ce que vous avez des rituels avant de monter sur scène ?
J’essaie d’avoir des copains autour de moi. Avant, je faisais des respirations, des étirements, mais ça allait à l’encontre de l’esprit du stand-up. Maintenant, je me dis : « Viens avec l’humeur du jour ! »
Quel est votre meilleur souvenir sur scène ?
En 2012, à La Cigale ! C’était super d’avoir mille personnes venues pour moi. Au Théâtre de Dix Heures, une petite salle dans laquelle je jouais juste avant, j’avais pris l’habitude de faire la bise à tous les spectateurs quand ils sortaient de la salle, alors j’ai fait la même chose à La Cigale. C’était sympa, mais je suis tombée malade pendant une semaine !
LE DEBRIEF
Carla : « J’ai adoré son documentaire, c’est comme si on était avec elle dans les coulisses, comme une petite souris. Ce n’est pas tourné pour la télé, ça fait « vrai ». Et j’aime bien son style. Elle s’habille cool : son grand chapeau, ses vêtements amples ; on voit que c’est une artiste. »
Toscane : « Sur scène, elle n’a aucun tabou, elle parle de tout. »
« Monsieur Shirley », jusque fin juillet
à La Nouvelle Seine
« Le Stand-up français (au smartphone) »
de Shirley Souagnon,
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