Dans Le Monde, le journaliste qui a révélé l’affaire Weinstein estime que « ce qui se passe autour de Roman Polanski et d’Adèle Haenel est prometteur ».
Rares sont les journalistes qui peuvent affirmer qu’il y a eu un avant et un après leur enquête. Le lauréat du Prix Pulitzer Ronan Farrow est de ceux-là, puisqu’en 2017, il est celui qui, dans les colonnes du New Yorker, a révélé les faits qui ont mené à la chute du producteur Harvey Weinstein pour de nombreux cas d’agressions sexuelles contre des actrices.
En tournée mondiale pour la promotion de son livre Les Faire taire, le journaliste s’est exprimé -dans une interview pour Le Monde– sur les accusations d’attouchements et de harcèlement sexuel émises par Adèle Haenel à l’encontre du réalisateur Christophe Ruggia (le réalisateur conteste les faits qui lui sont reprochés, mais reconnaît avoir « commis l’erreur de jouer les pygmalions avec les malentendus et les entraves qu’une telle posture suscite »).
Il est par ailleurs revenu dans cet entretien sur les accusations de la photographe Valentine Monnier à l’encontre de Roman Polanki qu’elle accuse de viol – ce que le réalisateur nie.
>> A LIRE AUSSI : Ce que l’affaire Adèle Haenel révèle du système judiciaire français
« Je suis ravi de voir que la presse et le public français s’emparent sérieusement de ces questions, et ce qui se passe autour de Roman Polanski et d’Adèle Haenel est prometteur », s’est-il réjoui. Avant d’évoquer directement le cas Polanski, fugitif en Europe suite à une condamnation pour viol sur mineure aux États-Unis en 1977 – il est par ailleurs accusé par 11 autres femmes d’agressions sexuelles ou de viols : « Je pense que, dans un tel cas où la personne s’est soustraite à sa responsabilité devant la justice, il est tout à fait approprié que des personnages publics – acteurs et producteurs – utilisent leur notoriété pour refuser de le soutenir et de travailler avec lui. »
Une affaire qui n’est pas sans rappeler celle qui concerne le cinéaste Woody Allen, dont Ronan Farrow est le fils, qu’il a eu avec l’actrice Mia Farrow. « C’est exactement la même situation ! », s’est-il exclamé. Le journaliste américain accuse depuis de nombreuses années son père d’attouchements envers sa sœur adoptive Dylan Farrow, lorsqu’elle avait sept ans. Woody Allen s’en défend. Dans les années 1990, deux enquêtes réalisées par des agences de protections de l’enfance avaient conclu qu’il n’y avait pas eu d’abus de la part du réalisateur sur Dylan Farrow.
>> A LIRE AUSSI NOTRE REVUE DE PRESSE : L’impact du témoignage d’Adèle Haenel sur le cinéma français
Ronan Farrow est également revenu sur les coulisses de son enquête pour laquelle il a tour à tour été censuré, surveillé et menacé : « Weinstein a même embauché une société israélienne de renseignement, appelée Black Cube, qui avait pour mission de déployer agents secrets et sous-traitants pour placer les journalistes et leurs sources sous haute surveillance. Appels étranges, piratages, filatures. Je finissais par devenir parano et par regarder constamment derrière mon épaule. »
Pour lire en intégralité son entretien dans Le Monde, cliquez ici.
Image : Capture d’écran de la vidéo YouTube #MeToo : Adèle Haenel explique pourquoi elle sort du silence – Copyright Médiapart