Jacques Blanchot (dément Vincent Macaigne, qui offre ici une interprétation subtile et dérangeante) semble ne plus avoir aucune prise sur sa vie. Hélène, sa femme (Vanessa Paradis), atteinte d’une maladie de la peau, lui annonce qu’il doit partir (pour elle, il est la cause de son mal) ; puis il est licencié. Il paraît tout subir, ne jamais se révolter, comme s’il avait été domestiqué. Alors qu’il rencontre un dresseur de chiens autoritaire (flippant Bouli Lanners) qui le recueille chez lui, Jacques s’identifie de plus en plus à ses congénères canins… Mine de rien, Samuel Benchetrit creuse un sillon assez singulier et fantasque dans le cinéma français. Depuis son très convaincant Asphalte (2015), il s’est libéré de ses imposantes références (Jim Jarmusch, Aki Kaurismäki…) pour faire entendre sa propre musique, absurde, lancinante, raffinée. Dans ce récit tordu et kafkaïen, souvent drôle, parfois insidieusement violent, le réalisateur trouble et séduit en suivant la trajectoire d’un personnage docile jusqu’au malaise, incarnation possible d’une société pas assez insurgée.
: de Samuel Benchetrit
Paradis Films (1 h 34)
Sortie le 14 mars