Le court-métrage du goûter : « The Discipline of D.E. » de Gus Van Sant

Inspiré par un essai de William S. Burroughs, ce court absurde élabore toute une méthode pour nous apprendre à vivre mieux. Oubliez les bouquins de développement personnel et les émissions de Marie Kondō. Préférez cet étrange, drôle et surprenant court-métrage réalisé en 1979 par Gus Van Sant, quelques années avant la sortie aux États-Unis de


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Inspiré par un essai de William S. Burroughs, ce court absurde élabore toute une méthode pour nous apprendre à vivre mieux.

Oubliez les bouquins de développement personnel et les émissions de Marie Kondō. Préférez cet étrange, drôle et surprenant court-métrage réalisé en 1979 par Gus Van Sant, quelques années avant la sortie aux États-Unis de Mala Noche, son premier long-métrage (1985). Alors étudiant à la Rhode Island School of Design, le futur réalisateur de My Own Private Idaho avait obtenu l’autorisation de William S. Burroughs en personne pour réaliser ce film en 16mm (son tout premier) adapté de l’essai de ce dernier – on aurait franchement adoré assister à la rencontre entre ces deux amoureux des marges, à nouveau réunis en 1989 pour le film de Gus Van Sant Drugstore Cowboy, où l’auteur et artiste génialement zinzin de la Beat Generation fait une brève mais magistrale apparition dans le rôle d’un prêtre camé, personnage taillé sur mesure. 

Présenté comme un guide visant à nous apprendre à effectuer des tâches de façon détendue – soit la meilleure manière de parvenir à achever quelque chose, dixit le narrateur qui accompagne le spectateur en voix-off -, The Discipline of D.E. (pour « doing easy ») exploite à fond le potentiel narratif de la banalité – un peu à la manière de Chantal Akerman, dont Gus Van Sant a toujours revendiqué l’influence. Avec une bonne dose d’humour décalé et un sens du montage déjà aiguisé, ce film d’étudiant en trois parties s’ouvre sur une scène qui montre un colonel appliquant la méthode « D.E. » à la lettre (la vaisselle, le rangement, le ménage n’ont jamais paru aussi simples et agréables à faire). C’est ensuite au tour d’un étudiant de démontrer tout l’intérêt du « D.E. » – on découvre ainsi grâce à lui l’éblouissant « miracle du lavabo ». Sortant de ces décors d’appartements, le film nous propulse sur sa fin au milieu d’un saloon, aux côtés d’un cow-boy armé et de sa victime qui, vous le verrez, est plutôt philosophe. On teste dès ce soir cette discipline résolument avant-gardiste.