Lars von Trier, après avoir exploré la vie sexuelle d’une femme dans Nymphomaniac, se penche cette fois sur le parcours criminel d’un tueur en série. D’un film à l’autre, Éros s’efface au profit de Thanatos, et Charlotte Gainsbourg laisse sa place à un Matt Dillon habité et fascinant. Mais le mode narratif, d’inspiration psychanalytique, est similaire. La mise à nu du protagoniste prend la forme d’une confession faite à un vieil homme (ici, Bruno Ganz et sa voix sépulcrale), illustrée par les épisodes les plus saillants, et en l’occurrence les plus saignants, de son existence. Il est tentant de voir, dans cette plongée à l’intérieur du cerveau malade d’un esthète, l’autoportrait du cinéaste expert en transgressions. Mais au-delà des provocations (extrême brutalité des scènes de meurtre, clins d’œil et autocitations de l’incorrigible Danois), on admire la puissance des trouvailles visuelles (le final étourdissant) et un talent unique de raconteur d’histoire – l’émotion quasi enfantine qui étreint le spectateur à chaque ouverture de chapitre n’est pas un frisson d’horreur, mais bien de plaisir cinéphile.
The House That Jack Built de Lars von Trier : mauvais esprit
Lars von Trier, après avoir exploré la vie sexuelle d’une femme dans Nymphomaniac, se penche cette fois sur le parcours criminel d’un tueur en série. D’un film à l’autre, Éros s’efface au profit de Thanatos, et Charlotte Gainsbourg laisse sa place à un Matt Dillon habité et fascinant. Mais le mode narratif, d’inspiration psychanalytique, est similaire. La mise